M. Jacques Rogge, Président du CIO, a pensé qu’une minute de silence à la sauvette lors de la visite du village olympique était suffisante pour rappeler ce souvenir du pire événement survenu après guerre au cours des Jeux Olympiques.
« Il ne faut pas introduire la politique à l’intérieur des Jeux Olympiques », aurait dit M. Rogge. Comme si commémorer un assassinat d’athlètes était un acte politique.
Pourtant, comme le rappelle l’historienne Debora Lipstadt, le prédécesseur de M. Rogge, Juan Samaranch, avait parlé de la guerre de Bosnie à l’inauguration des Jeux de 1996. Pourtant, en 2002, une minute de silence avait été observée à la mémoire des victimes des attentats du 11 septembre. Aucun de ces événements pourtant n’avait eu lieu au cours même des Jeux.
Par son refus, M. Rogge se place dans la lignée de Avery Brundage, Président du CIO en 1972, et de son célèbre « Que les Jeux continuent ! », ce qui équivalait, comme l’avait écrit un journaliste du Los Angeles Time à « danser devant Dachau », en allusion au camp de concentration dans la banlieue de Munich.
L’hostilité de M. Brundage aux Juifs était avérée depuis longtemps. Il avait été l’homme du refus du boycott des Jeux nazis de Berlin. Le Crif considère que le fait que les victimes étaient des Israéliens a été un élément déterminant du choix des dirigeants du CIO de ne pas leur faire hommage de la courte, mais solennelle, minute de silence que leurs familles demandaient, demande appuyée par de nombreux pays démocratiques.
C’est la pire façon de faire entrer la politique dans les Jeux Olympiques, par le biais de l’antisémitisme.