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La dernière journée du programme « 3 jours pour la mémoire » organisé par le Crif Bordeaux-Aquitaine (BA), sous le thème « Le Ghetto de Lodz/ Litzmannstadt » a eu lieu le jeudi 4 mai 2023. Débats et conférences sont organisés dans le but de partager et transmettre l’histoire, afin de ne jamais oublier.
Ce jeudi 4 mai a eu lieu la dernière soirée des « 3 jours pour la mémoire » à l’espace Beaulieu à Bordeaux. Cet évènement a été organisé par le Crif Bordeaux-Aquitaine, dans le cadre de ses missions pour la défense de la mémoire de la Shoah et pour la transmission.
La soirée a débuté avec une conférence tenue par Jean Yves Potel et Albert Massiah, Président du Crif Bordeaux-Aquitaine.
Deux films ou extraits retraçant cette période ont ensuite été projetés devant la salle pleine.
Après une introduction générale et une présentation par Albert Massiah, Président du Crif de Jean-Yves Potel, écrivain, historien et politiste. Longtemps enseignant chercheur à l'Université de Paris 8, il a été en Pologne, Conseiller culturel à l’Ambassade de France, puis le Correspondant du Mémorial de la Shoah jusqu’en 2018. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la mémoire du génocide, particulièrement Les disparitions d’Anna Langfus, biographie parue aux Éditions Noir sur Blanc, Paris, en 2014 ; et La fin de l’innocence. La Pologne face à son passé juif, enquête parue aux Éditions Autrement, Paris, en 2009. Cette dernière a reçu le prix essai 2009, du Fonds Social Juif Unifié (FSJU). Initialement prévue avec la participation de Catherine Coquio, auteure et professeure de littérature comparée à l'Université Paris Cité, excusée, la conférence était accompagnée de la projection de deux courts films documentaires réalisés en Pologne.
Le premier, réalisé par Jaroslaw Sztandera, montre des images du camp tsigane au sein du ghetto réservé aux Juifs, et comment, sans aucun aménagement ni hygiène, 5 000 (dont 2 689 enfants) Roms et Sintis déplacés d’Autriche, ont été entassés pendant trois mois. Inévitablement malades du typhus, des centaines sont morts sur place, les autres ont été déportés au centre de mise à mort de Chelmno et tous gazés dans des camions, chambres à gaz mobiles. Le second, From the depths I call, de Wojciech Gierlowski est dédié à la mémoire des enfants juifs morts dans le ghetto de Lódź. Les auteurs quittent la forme classique du documentaire pour un montage de photos prises à l’intérieur du ghetto par des juifs, « commenté » par des extraits de journaux d'enfants. Un document absolument déchirant qui évoque notamment la « grande rafle » du 5 septembre 1942, quand le Président du Judenrat, Chaïm Rumkowski, demande aux parents de livrer aux Allemands leurs enfants de moins de 10 ans qui ne peuvent pas travailler. 5 862 ont été déportés et gazés. Un des enfants, Dawid Sierakowiak, 15 ans, dont on entend des extraits de son journal dans le film, notait le 4 septembre : « La rumeur d’hier est malheureusement vraie. Les Allemands veulent tous les enfants de moins de 10 ans [...] La panique est à son comble en ville. Personne n’est à son poste de travail... » Un autre, Abram Cytryn, 16 ans, écrit ce poème :
« Suis-je capable d’enfermer toute la douleur du ghetto / dans les profondeurs insondables du cœur ? Existe-il un terme à la folie de la vie / où mon esprit puisse sereinement accoster ? »
Finalement, le conférencier a fourni un bilan chiffré du sort des 39 561 enfants juifs enfermés dans le ghetto : 5 350 sont morts de faim ou de maladies (surtout le typhus), 5 862 ont disparus lors de la grande rafle de septembre 1942, et, avec leurs parents, 14 554 en septembre 1942 à Chelmno, puis 5 326 à Auschwitz-Birkenau en juin/août 1944, lors de la liquidation finale du ghetto. Soit un total de 31 092 morts auquel il faut ajouter les 2 689 tsiganes.
L’émotion et la discussion qui ont suivi ces projections et cette conférence, étaient à son comble et à la hauteur de l’enjeu d’une telle journée pour la mémoire.
Puis Albert Massiah après avoir remercié Jean-Yves Potel concernant son intervention et Mireille Levy pour l’organisation de ces journées, remercia également Madame la Consule d’Allemagne et Monsieur le Consul du Maroc présents ainsi que les élus de la ville De Bordeaux représentant, le Maire, Pierre Hurmic et le Président de la Métropole
Enfin pour conclure Albert Massiah cita les paroles de l’ancien premier Ministre et Prix Nobel de la paix Shimon Perez « six millions de notre peuple vivent dans nos cœurs. Nous sommes leurs yeux qui se souviennent, nous sommes leur voix qui crie » Il donna ensuite rendez-vous à l’assemblée en avril 2024 pour la troisième édition.
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