Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Auschwitz à l’épreuve des mots

21 Mars 2024 | 123 vue(s)
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Actualité

Aux côtés de Bruno Valentin, prêtre du diocèse de Versailles et Ahmet Ogras, vice-président du CFCM sur le plateau de BFM TV, j'ai réaffirmé mon sentiment d'horreur face à cet acte barbare qui s'est passé ce matin.

 

Il est peut être temps de poser à ceux qui relaient les théories du complot - en particulier sur les réseaux sociaux - des questions déstabilisantes.

Dans une interview donné à Patrick Perotto de L'Est Républicain, je suis revenu sur l’un des défis des années à venir : combattre les idées de haine qui se répandent sur internet

I was interviewed in English and French, on EJP , Tuesday, May 31, 2016.

J'ai été interviewé, en anglais et en français, sur EJP, mardi 31 mai 2016.

Suite à mon élection à la Présidence du Crif, j'ai répondu aux questions de Paul Amar, sur tous les sujets de préoccupations des Juifs de France.

Prix Nobel de littérature en 2002, l'écrivain hongrois Imre Kertèsz est mort à Budapest le 31 mars 2016. Son dernier livre, "L'ultime auberge" a reçu, le 22 mai 2016, le Prix Spécial du Jury 2016 du Salon du Livre de la Licra-Paris

Voici le discours que j'ai prononcé après le vote de l'assemblée générale du Crif.

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Lors du 9ème Salon du Livre de la Licra, deux écrivains ont reçu un prix

Là-bas, la crainte d'une menace russe est la principale raison qui exacerbe les passions identitaires.

 
Lors d’une allocution devant le Conseil de sécurité, Rafael Ramirez, représentant du Venezuela auprès des Nations-Unies, a lancé… « Qu’est-ce qu’Israël a l’intention de faire avec les Palestiniens ? Vont-ils disparaître ? Est-ce qu’Israël cherche à imposer une Solution finale sur les Palestiniens ? » 
 

Décryptage.

 

Des 27 avril au 10 juin 2016, se tiendront les journées nationales des Mémoires de la traite de l’esclavage et de l’abolition.  Souvenons-nous.

Nouvelle erreur de casting - Au lendemain de l'émission Dialogues Citoyens, retour sur Marwen Belkaid, un invité pas comme les autres.

Seuls, nous ne pouvons rien. Tous unis nous pouvons tout.

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Opinion

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Techouva, de Frédéric Lauze.

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Dina Porat, Le Juif qui savait Wilno-Jérusalem : la figure légendaire d’Abba Kovner, 1918-1987.

"On s'est dit au-revoir. C'était un au-revoir mais qu'y avait-il derrière cet au-revoir ?"

En 2017, Roger Pinto, sa femme et son fils ont été séquestrés, violentés et détroussés à leur domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), "une agression antisémite" condamnée par le Crif et le ministre de l'Intérieur. Une première ?

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

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À Auschwitz, dont je reviens avec le voyage du Crif, j’ai fait plus de vingt voyages.

Je n’ai pas connu l’époque où les communistes prétendaient que là avaient été tués trois millions d’antifascistes de toutes nationalités. J’ai connu les luttes contre les négationnistes, les confusionnistes amalgamistes, les partisans antisémites du Carmel et la ténacité des anciens déportés.

Auschwitz, ce trou noir d’humanité, est un lieu d’histoire exigeant, mais aussi un lieu de confrontation avec l’actualité et de questionnement avec soi-même. Qu’aurais-je fait à cette époque si j’avais été Allemand ? 

 

La phrase « Plus jamais ça » est vaine, puisque « ça » a eu lieu au Rwanda devant un monde inerte, mais je pensais que « ça » ne concernerait plus jamais des Juifs. Puis est survenu le 7 octobre. Ce voyage à Auschwitz s’est fait sous le spectre de cette journée maudite.

 

La phrase d’Albert Camus : « Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde », est si souvent répétée qu’elle est devenue un poncif, mais il faut lire le texte magnifique dont elle est issue, une réflexion sur la manipulation des mots. Or, Auschwitz est aussi le creuset d’une guerre des mots.

Qu’on les appelle massacre, pogrome ou razzia, les assassinats du 7 octobre répondent aux critères du génocide. Les terroristes étaient venus avec l’intention de tuer. Ils ont violé, torturé, transformé en marchandise d’échange ceux qu’ils pensaient être des Juifs, puisque c’est le nom qu’ils donnent aux Israéliens.

Cependant ce qualificatif de génocide, c’est à Israël qu’il est appliqué aujourd’hui. Faut-il rappeler que le nombre de victimes n’intervient pas dans la définition, mais que l’intentionnalité y est primordiale ? 

Il y a eu 30 000 victimes à Gaza, si on admet les chiffres du Hamas, dont un statisticien américain vient de montrer qu’ils ne peuvent pas être véridiques. Beaucoup sont des civils, victimes collatérales qu’on a cherchées autant que possible à éviter dans une guerre en partie souterraine d’une difficulté inédite.  Alors que la Cour Internationale de Justice (CIJ) n’a pas encore statué sur le fond de la plainte, le fait qu’elle ait accepté de l’étudier suffit pour déclarer qu’Israël a commis un génocide. Il n’est pas considéré comme coupable parce qu’un jugement a été émis, mais parce qu’une accusation a été portée. Aujourd’hui, ce n’est pas une opinion, c’est une diffamation. 

 

Une visite d’Auschwitz-Birkenau est un antidote à cette accusation honteuse car elle enseigne ce qu’a été un vrai génocide. Encore faut-il que le guide, dans ce lieu d’une grande complexité, s’attarde sur ce qu’on voit le moins, l’élimination sans même qu’ils soient entrés dans le camp, d’un million d’individus envoyés directement du train vers la chambre à gaz. Une visite isolée de Auschwitz 1, qui est un lieu de souffrance, mais de vie, contribue à la confusion. Peu de personnes vont à Treblinka, Belzec ou Sobibor, où le seul travail consistait à tuer et à se débarrasser des corps. Qui fait une visite sérieuse ne peut plus, sauf perversité indécrottable, prétendre que « la véritable Shoah, c’est la Neqba ». Malheureusement, ceux qui le disent font rarement ces visites. Josep Borrell en aurait besoin, lui qui vient de qualifier Gaza de cimetière à ciel ouvert…

 

Un autre mot ambigu est celui de « camp », à l’origine un terme militaire. L’expression de « camp de concentration » date du début du XXème siècle, de la guerre britannique contre les Boers en Afrique du Sud.  Depuis 1945, comme la grande majorité des déportés survivants, les résistants non-juifs, venaient de camps comme Buchenwald, Dachau, Dora ou Ravensbrück où les souffrances étaient grandes et la mort fréquente, la confusion s’est installée entre camps de concentration et camps d’extermination. Elle implique aujourd’hui une bonne dose d’ignorance ou de mauvaise foi, qui a permis au simple mot « camp » utilisé à dessein sans qualificatif de faire roder la suspicion du génocide.

 

Faut-il parler aussi du mot « famine » ? C’était la souffrance la pire qui tenaillait les déportés. C’est devenu une alerte répétée depuis des mois par les ONG et les autorités politiques internationales. Le fait qu’Israël ne s’oppose pas au passage de l’aide humanitaire, qu’une partie majeure de celle-ci est captée par les gangs locaux et le Hamas, que les accusations d’utiliser les regroupements de foule pour tuer des Gazaouis se sont révélées des faux, tout cela n’y fait rien : Israël est accusé de provoquer la famine, même si des enquêtes laissent des doutes sur l’omniprésence de celle-ci.

 

Le voyage se terminait par la visite de la première chambre à gaz, près de laquelle fut érigée la potence où fut pendu le 16 avril 1947 le lieutenant-colonel Rudolf Höss, commandant du camp. Il voyait en face de lui la Kommandantur où il avait donné ses ordres et un peu à gauche, la maison où il avait avec sa famille, passé de si agréables années. Le réalisateur juif britannique, Jonathan Glazer, en recevant un Oscar pour son film « Zone d’intérêt » qui décrit la vie des nazis à Auschwitz, s’est autorisé à dire que en tant que Juif, il refusait que l’Holocauste soit détourné par « une occupation qui a mené à une guerre impliquant tant d'innocents ». Le public a applaudi car une posture pacifiste et humanitariste fait toujours recette, mais le Président de la fondation des survivants américains de l'Holocauste lui a envoyé une lettre cinglante : « Si la création, l'existence et la survie de l'État d'Israël en tant qu'État juif équivaut dans votre esprit à une “occupation”, alors vous n'avez évidemment rien appris de votre propre film ». 

 

Plutôt que de lire la charte du Hamas, Glazer a préféré surfer sur la vague israélophobe. À titre personnel, mon mépris lui est acquis.

 

 

Richard Prasquier, Président d’honneur du Crif 

 

 

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