Jean-Pierre Allali
La maison Rozenbaum*, de Evelyne Lagardet
Nous avons déjà présenté dans ces pages, des ouvrages d’Evelyne Lagardet. On lui doit notamment « Un rêve français » (1) et, en collaboration avec Michel Tubiana, « Contes philosophiques de la diversité » (2)
C’est un tout autre sujet qu’elle aborde avec son nouveau livre, celui de la vie en maison de retraite et, dans le cas de la Maison Rozenbaum, au sein d’un établissement « juif ».
Sarah Blumberg, malgré son âge avancé et une mémoire qui défaille, file, depuis cinquante ans, le parfait amour avec Albert Vidal, un Juif originaire de Salonique. Veuve depuis le lendemain de la Guerre qui avait vu son époux emporté par un cancer foudroyant, elle avait refait sa vie et maintenait de bonnes relations avec ses deux garçons, Bobby et Jean-Robert, dit J.R.
Mais voilà qu’un jour, comme cela arrive souvent dans toutes les « bonnes familles », Bobby et J.R. se mettent en tête de placer leur mère en maison de retraite. Ils choisissent le top du top, la plus sophistiquée et même la plus couteuse, du moins si l’on en croît les publicités consultées : la Maison Rozenbaum. Il en avait fallu de la patience pour convaincre la responsable des admissions, Madame Raousse, de leur trouver une place pour Sarah en plaçant son dossier au-dessus de la pile.
On découvre peu à peu les protagonistes de cette étonnante histoire : le directeur, Trognon, qui vient de remplacer Madame Cohen, le docteur Wolf, médecin-chef, le docteur Geneviève Angst, Madame Tordeux, psychologue et surveillante, Andreï Radovan, l’homme à tout faire venu de Moldavie, Loubna, infirmière maghrébine et Malika, sa consoeur et, parmi les pensionnaires, Suzy Moinel, ex-danseuse aux Folies-Bergère, Madame Assous, originaire d’Algérie, Monsieur Bensaïd, Madame Partouche et bien d’autres.
A la Maison Rozenbaum, on mange kascher, bien entendu, et chacun peut, à loisir, aménager sa chambre à son goût, mais ce n’est pas un argument suffisant pour Sarah pour la convaincre d’accepter d’y passer le restant de ses jours. Dès lors, avec la complicité d’Albert, elle va tout faire pour tenter de fuir de la prison dorée où ses enfants ont voulu l’enfermer pour, d’une certaine manière, se débarrasser d’elle.
Dans le monde sans pitié que se révèle être la Maison Rozenbaum, avec les grandes et les petites combines des uns et des autres, Sarah et Albert vont monter un véritable réseau de « résistance ». Amusant et angoissant à la fois. Un roman très original.
Jean-Pierre Allali
(*) Editions Plon. Mars 2018. 456 pages. 19,90 €.
(1) Editions Flammarion, 2007. Voir la Newsletter du 30-05-2008.
(2) Editions Eyrolles, 2010. Voir la Newsletter du 31-01-2011.