Les stéréotypes que subissent les asiatiques sont les mêmes qui stigmatisent les Juifs.
Par Marc Knobel, Directeur des Etudes au CRIF, publié dans les Blogs du Crif le 6 septembre 2016
Depuis quelques mois, les/des membres de la communauté asiatique ont peur. Des personnes ont été agressées, quelquefois violemment. Nous pensons notamment à Zhang Chaolin, ce couturier chinois mort après une terrible agression, le 7 août à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). De fait, le nombre d’agressions racistes connaît une courbe exponentielle dans les quartiers de Paris ou d’Ile-de-France où les Asiatiques ont élu domicile. Les femmes surtout ont peur.
Le racisme qui frappe et touche durablement les membres de cette communauté est une réalité que l’on ne peut et que l’on ne doit nier. Les propos stéréotypés contre les asiatiques se multiplient donc.
Généralement, ce sont des mots et des phrases violentes, choquantes et sales, visant les « yeux ridés », les « jaunes », ces asiatiques qui viendraient en France « pour toucher les allocations familiales », ou qui travailleraient illégalement, disent-ils... « Tiens, c'est un asiatique, un Chinois, il doit être riche, avoir de l'argent. On va le tabasser", entend-t-on ici ou là.
Les stéréotypes, les Juifs connaissent aussi.
Pensons au stéréotype médiéval du Juif maître de la finance et usurier qui sera repris dans une version moderne : le Juif devient l'incarnation du capitalisme, de l'âpreté au gain et de l'exploitation des pauvres et des travailleurs.
En 2006, ce sont ces stéréotypes antisémites, colportés par de petits voyous et des montres, qui provoqueront la mort du jeune Ilan Halimi. En 2016, ce sont d’autres stéréotypes racistes, colportés par de petits voyous, qui provoqueront la mort du chinois Zhang Chaolin.
Mais, les nouvelles passions antijuives se nourrissent également des stéréotypes négatifs hérités du vieil antisémitisme populaire à l'européenne, où le ressentiment trouve ses principaux stimulants: "Les Juifs ont le pouvoir", "ils dirigent les médias", "ils sont partout", "ils ont toutes les places", "ils ont tout, nous n'avons rien", toutes ces horreurs et les fantasmes misérables entendues ici ou là et ressassées (hélas) depuis des siècles, comme l'explique si bien dans La Judéophobie des modernes (Paris, Odile Jacob, 2008), le philosophe Pierre-André Taguieff...
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