"L'islam intégriste et les salafistes cherchent à déstabiliser la République", affirme le Président du Crif.
Propos recueillis par Laetitia Enriquez, publié dans Actualité Juive le 1er Septembre 2016
Après les déclarations de Jean-Luc Mélenchon qui estimait, le 25 août dernier, que "dans notre pays, on a persécuté les juifs puis les protestants et aujourd'hui les musulmans. La solution c'est la laïcité", vous avez aussitôt dénoncé un "relativisme et un parallèle [qui] sont totalement inacceptables et [qui] doivent être dénoncés". On a le sentiment que vous êtes le seul à avoir condamné cette douteuse comparaison...
Françis Kalifat : II fallait absolument réagir étant donné que nous étions face à l'absurde le plus total mais néanmoins calculé. Si Jean-Luc Mélenchon a sombré dans un tel relativisme c'est qu'il a une arrière-pensée qui ne peut être qu'électorale.
Le fait que ces scandaleuses déclarations de Jean-Luc Mélenchon n'aient pas provoqué le tollé qu'elles auraient dû n'est-il pas finalement le plus inquiétant ?
C'est bien pour cela que j'ai indiqué que ce relativisme et ce parallèle devaient être dénoncés. Bien au-delà du Crif et par l'ensemble du monde politique. Hélas, les déclarations de Jean-Luc Mélenchon sont restées sans réaction forte du monde politi-que, ce qui est inadmissible. Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond.
Cette polémique autour du burkini n'est-elle pas finalement dangereuse pour la communauté juive, de par les amalgames qu'elle induit ?
Cette polémique va, bien entendu, aussi retomber sur la communauté juive. Si l'on veut raison garder, il faut donc revenir aux fondamentaux de la laïcité qui sont d'abord la loi de 1905, complétée en 2004 et en 2010 par les lois sur le voile et sur la burka. Il faut désormais que le législateur réfléchisse à faire la différence entre les signes religieux et les signes politico-religieux. L'islam intégriste et les salafistes qui sont dans notre pays cherchent aujourd'hui à déstabiliser la République dans le but de battre en brèche le modèle sociétal dans lequel nous vivons aujourd'hui.
Nous sommes en période de rentrée. Comment abordez-vous celle du Crif ?
Dans l'immédiat des choses, il s'agit surtout d'assurer la sécurité de la communauté juive et notamment de ses écoles et de ses synagogues à l'approche des fêtes. Les dispositifs sécuritaires sont en phase d'évolution. Nous en discutons actuellement avec la préfecture et les représentants du ministère de l'Intérieur. Le défi est important car nous savons que même si c'est l'ensemble de la France qui est visée, la communauté juive reste néanmoins une cible privilégiée. Il est de notre responsabilité de veiller à ce que la sécurité de la communauté soit assurée.
L'autre dossier prioritaire est de parvenir à la disparition du mouvement BDS du paysage français. Ce mouvement de boycott d'Israël est aujourd'hui un des vecteurs de l'antisémitisme en France à travers la haine d'Israël. On ne peut désormais plus se contenter de déclarations, aussi fortes soient-elles, pour condamner ce mouvement. L'État doit désormais interdire toutes les manifestations qui prônent le boycott d'Israël.