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Published on 13 December 2021

Interview Crif - Constance Le Grip sur le vote de la France à l'ONU : "Tout cela est incompréhensible et m'a fortement interpellée"

Le 1er décembre dernier, la France votait en faveur d'une résolution de l'ONU, intitulée "Jérusalem". La députée des Hauts-de-Seine Constance Le Grip a sollicité le Ministre des Affaires étrangères afin d'obtenir une explication face à un vote jugé "incompréhensible".

Le Crif - Le 1er décembre dernier, la France votait en faveur d'une résolution de l'ONU, intitulée "Jérusalem". Ce vote, jugé incompréhensible par le Président du Crif Francis Kalifat, pose beaucoup de questions. Vous avez décidé d'interroger le Ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian sur les motivations d'un tel vote. Qu'espérez-vous de sa réponse ?

Constance Le Grip - J'attends avant tout une explication convaincante et un éclaircissement, à la hauteur de ma perplexité et de mon indignation. Ce vote est incompréhensible et perturbant, et m'a fortement interpellée.

Je ne comprends pas pourquoi la France ne s'est pas abstenue - à tout le moins - comme d'autres Etats européens, à défaut de voter contre.
Je ne comprends pas non plus le manque de coordination pour une prise de décision à un niveau européen.

Je n'ai, pour l'heure, aucun début de réponse de la part de Monsieur le Ministre.

 

Le Crif - Vous regrettez notamment que cette résolution ne mentionne Le Mont du Temple - haut lieu du judaïsme - uniquement par son appellation arabe, "Haram al-Sharif". Pourquoi cela est-il inacceptable selon vous ?

C'est en effet ce que j'ai écrit à Jean-Yves Le Drian. Cela ne me paraît tout simplement pas correspondre à la réalité historique. Il me semble que cette appellation nie les liens qui existent entre le Mont du Temple et le judaïsme.

On ne peut pas imaginer que cela soit autre chose qu'un effacement du lien historique qui unit Jérusalem et le peuple juif.

 

Le Crif - Dans votre courrier, vous rappelez au Ministre que nombre de partenaires européens de la France se sont prononcés contre cette résolution ou qu'ils se sont abstenus. Au cours de ce vote, pour la première fois, des pays européens ont effectivement fait entendre leur désapprobation sur le sujet. Pensez-vous qu'il s'agit d'une résolution particulièrement problématique ?

Cette résolution est problématique, au même titre que d'autres sujets. Les discussions régulières et les divergences sur la désignation du Hezbollah comme un groupe terroriste sont par exemple également très problématiques.

La discordance des votes pour cette résolution est de nature à engendrer encore davantage de perplexité au sein du concert des Nations européennes.
Le 1er janvier prochain, la France prendra la présidence du Conseil de l’Union européenne pour quelques mois. Il me semble que c’est la responsabilité du pays qui préside d’être enclin à coordonner et à rapprocher les points de vues et les positions de votes européens. Cela doit être le cas pour des sujets législatifs, de directives ou de règlements européens, mais également pour les sujets diplomatiques et géopolitiques portés par les résolutions des Nations-Unies.