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Vendredi 23 avril, le Crif vous proposera une interview de Maître Francis Szpiner sur le sujet. A lire dans la Newsletter de demain !
Publié le 21 avril 2021 dans Le Point
La famille de Sarah Halimi, tuée à Paris en 2017, ne baisse pas les bras pour tenter d'obtenir un procès dans cette affaire. La sœur de la sexagénaire juive va porter plainte en Israël dans le but de traîner en justice son meurtrier, jugé irresponsable pénalement par la justice française, ont annoncé ses avocats à l'Agence France-Presse.
Cette annonce répond à l'arrêt de la Cour de cassation du 14 avril qui a entériné le caractère antisémite du crime, mais confirmé l'impossibilité de traduire en justice le meurtrier, compte tenu de l'abolition de son discernement lors des faits. Cette décision a suscité une très forte émotion dans la communauté juive et au-delà, accompagnée d'un vif débat sur la responsabilité pénale des personnes atteintes de troubles psychiatriques sur fond de consommation de drogue.
« Bouffée délirante »
Mes Francis Szpiner et Gilles-William Goldnadel ont annoncé mercredi vouloir « saisir la justice israélienne d'une plainte à l'encontre de Kobili Traoré au nom d'Esther Lekover, sœur de la victime », la loi pénale d'Israël pouvant s'appliquer à des crimes antisémites commis à l'étranger et dénoncés par un citoyen israélien, ce qui est le cas de leur cliente. La France n'extrade toutefois pas ses ressortissants. Le 4 avril 2017, Kobili Traoré, 27 ans, est en proie à une « bouffée délirante », selon les sept experts psychiatriques qui l'ont examiné, lorsqu'il fait irruption chez sa voisine de 65 ans Lucie Attal, aussi appelée Sarah Halimi. Aux cris de « Allah Akbar », le jeune homme musulman la roue de coups en récitant des versets du Coran avant de la jeter par-dessus le balcon de leur HLM de Belleville, dans l'est de Paris.
Le 19 décembre 2019, après un débat contradictoire lors d'une audience publique, la cour d'appel de Paris a reconnu le caractère antisémite du crime, mais déclaré Kobili Traoré irresponsable pénalement et ordonné son hospitalisation assortie de mesures de sûreté pour 20 ans. Saisie d'un recours, la Cour de cassation a confirmé le 14 avril son irresponsabilité pénale, estimant que la loi « ne distingue pas selon l'origine du trouble mental qui a fait perdre à l'auteur la conscience de ses actes ».
Déni de justice
« Décider de prendre des stupéfiants et devenir alors “comme fou” ne devrait pas à mes yeux supprimer votre responsabilité pénale », a commenté dimanche le président de la République Emmanuel Macron qui a demandé une évolution législative. Pour la défense de Kobili Traoré, le jeune homme vivait le soir des faits sa première crise psychiatrique, imprévisible contrairement aux effets habituels de l'ivresse cannabique ou alcoolique. « Mes Goldnadel et Szpiner déplorent d'être contraints de diligenter cette procédure, mais ils ne sauraient accepter un déni de justice qui heurte la raison et l'équité bien au-delà de la communauté juive de France », ont conclu les deux avocats dans un communiqué.