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Published on 6 April 2021

L'article de presse que vous avez le plus lu cette semaine

Delphine Horvilleur était l’invitée politique de la matinale de Guillaume Durand ce mardi 6 avril. La rabbine et auteure de « Vivre avec nos morts » aux éditions Grasset, a longuement évoqué notre rapport à la mort à travers la crise du covid-19 et la proposition de loi pour légaliser l’euthanasie, ainsi que la montée de la haine dans nos sociétés et la question de l’antisémitisme en France.

Cet article avait été publié dans le newsletter du 6 avril 2021. Il est l'article de presse que vous avez le plus lu cette semaine.

France - Delphine Horvilleur voit dans l’antisémitisme "un prélude à une haine qui frappera tout le monde"

Publié le 6 avril dans Radio Classique

Euthanasie : « Il est normal qu’une société se pose cette question » selon Delphine Horvilleur

Alors qu’une proposition de loi pour légaliser l’euthanasie sera débattue à l’Assemblée Nationale cette semaine, Delphine Horvilleur déclare qu’une telle problématique « doit devenir un sujet de réflexion beaucoup plus large (…) il est normal qu’une société ce pose cette question ». Interrogée par Guillaume Durand sur la tribune de Michel Houellebecq dans le Figaro où le romancier s’oppose fermement à la légalisation de l’euthanasie qu’il qualifierait de « rupture anthropologique inédite », Delphine Horvilleur y voit « un Houellebecq qui fait du Houellebecq (…) il y a un côté paradoxal dans le fait qu’il dit vouloir se débarrasser d’une société qui aurait légalisé l’euthanasie (…) les choses ne sont pas aussi simples que ça, on cherche ici à définir la dignité humaine (…) Houellebecq en donne une définition, mais il est très dur de rester digne en définissant à la place de quelqu’un ce qu’est sa dignité ».

Delphine Horvilleur évoque un rapport à la mort qui a changé avec l’arrivée de la crise du covid-19 : « si on n’est pas capable d’accompagner ces morts il y a énormément de fantômes avec lesquels on va devoir apprendre à vivre (…) je reçois depuis des mois des gens qui n’ont pas pu dire ce qu’il fallait dire et qui le vivent très mal, d’autant que ce mois-ci marque pour beaucoup de familles une année d’un deuil qui n’a jamais vraiment commencé ». La rabbine évoque aussi le choix d’une histoire, d’une narration et d’un ton à trouver pour accompagner les morts : « le cœur de mon travail est similaire au travail d’un conteur, il faut choisir les mots qu’on va utiliser pour raconter et honorer (…) il faut trouver le registre le plus juste pour celui qui part mais aussi pour ceux qui restent ».

Delphine Horvilleur : « La France n’est pas antisémite, elle a été marquée par l’antisémitisme »

Interrogée par Guillaume Durand au sujet de la montée de la haine dans la société française, Delphine Horvilleur livre son analyse de l’antisémitisme : « l’antisémitisme est toujours sans juifs, on reproche tout et son contraire aux juifs (…) de manipuler le système ou de menacer le système, d’avoir inventé Jésus et de ne pas y croire, d’être trop capitaliste ou trop bolchévique (…) on a pas besoin de juifs pour leur en vouloir ». Selon elle, « l’antisémitisme vient raconter une crise existentielle ».

Cependant, Delphine Horvilleur réfute l’idée que la France est un pays antisémite, mais déclare qu’il a été tout au long de son Histoire marqué par l’antisémitisme, une histoire pour les juifs de France qui aura été faite de « beaucoup de lumière et de beaucoup d’obscurité (…) un pays où on a émancipé les juifs mais où il y a eu la collaboration (…) c’est ça l’Histoire de France ». Aujourd’hui, ce qui inquiète Delphine Horvilleur « c’est la montée générale des haines, ainsi que la montée d’une certaine compétition victimaire (…) pas seulement des haines antisémites, mais dont l’antisémitisme est souvent la première vitrine (…) la montée de la haine antisémite est un prélude à une haine qui va frapper tout le monde ».