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Published on 7 December 2020

Procès/Crif - Francis Kalifat : "Il est très important le caractère aggravant de l’antisémitisme soit reconnu"

Le procès des attentats de Janvier 2015 touche à sa fin. Le président du Crif, Francis Kalifat, a assisté à une grande partie des audiences du procès et notamment celles consacrées à l’Hyper Cacher. Cette partie du procès cristallise beaucoup de questions et d’attentes des parties civiles ainsi que de la communauté juive dans son ensemble. Francis Kalifat revient sur ce procès historique du terrorisme, mais aussi de l'antisémitisme en France.

Mercredi 23 septembre, vous avez même adressé un message fort à la Cour. Quel était l’objet de votre déposition ?

Francis Kalifat : L’objectif de mon intervention au procès était multiple. Tout d’abord, je suis venu porter la parole du Crif, partie civile dans ce dossier. J’ai également rappelé les noms des trop nombreuses victimes de l’antisémitisme qui tue en France. "12 Français, hommes, femmes, enfants et vieillards ont été assassinés depuis le début des années 2000 dans notre pays au seul motif qu’ils étaient JUIFS".

Les victimes, la France et les Français Juifs ont besoin de ce procès car, au-delà d’assister au procès des complices des terroristes, au-delà de leurs possibles condamnations pour les faits commis… Ce procès doit aussi être le procès de l’antisémitisme qui tue encore dans notre pays au 21ème siècle.

 

Les avocats des parties civiles, victimes de la prise d’otages de l’Hyper Cacher, Patrick Klugman et Elie Korchia ont prononcé leurs plaidoiries. Tous deux ont mis l’accent sur le mobile antisémite. En quoi est-ce important que celui-ci soit effectivement reconnu ?

Francis Kalifat :  Il est très important pour nous que le caractère aggravant de l’antisémitisme soit reconnu et inclus, car il était essentiel de montrer et de rappeler, comme l’ont fait chacun des avocats des parties civiles, aussi bien Patrick Klugman qu’Elie Korchia, ce qu’est le quotidien des français juifs, et les conséquences de l’antisémitisme que l’on connaît.

En cela, je salue l’excellence et la complémentarité des plaidoiries des parties civiles et notamment pour le dossier Hyper Cacher, des Maîtres Elie Korchia et Patrick Klugman.

Il y a l’antisémitisme qui tue, mais aussi l’antisémitisme du quotidien qui sévit dans les quartiers. Celui qui rend la vie impossible à ces familles juives qui y vivent, allant même jusqu’à provoquer un véritable exil intérieur.

J'insiste sur la nécessité d’une prise de conscience, à partir de ce procès, de l’ensemble de la société.

 

On pense évidemment beaucoup aux témoignages douloureux des parties civiles, aux victimes et à leurs familles … 

Francis Kalifat : Tout d’abord je tiens à dire mon admiration envers ses parties civiles et témoins, venus avec dignité exprimer leur douleur à la barre. Tous ont fait preuve d’un grand courage.

Ces témoignages ont provoqué une émotion difficile à contenir, pour chacun d’entre nous qui étions présents dans la salle d’audience. 

 

Qu’attendez-vous du verdict de ce procès ?  

Francis Kalifat : Le procès touche à sa fin. Vraisemblablement, le verdict est attendu pour le 16 décembre.

Ce qu’on attend, tout d’abord, c’est qu’il rende Justice à chacune des victimes : Frédéric Boisseau, Franck Brinsolaro, Cabu, Charb, Elsa Kayat, Honoré, Bernard Maris, Ahmed Merabet, Mustapha Ourrad, Michel Renaud, Tignous, Wolinski, victime de Charlie Hebdo, Clarissa Jean-Philippe, femme policière assassinée à Montrouge, et les victimes juives de l’Hyper Cacher Philippe Braham, Yohan Cohen, Yoav Hattab, François-Michel Saada.

Malgré l’absence des principaux accusés de ce procès, il est important de démontrer par ces condamnations que l’acte terroriste ne se résume pas qu’à celui qui le commet. Mais que ceux qui ont contribué par la fourniture d’armes, de moyens de transport ou encore de lieux d’hébergement, portent une responsabilité particulière car sans eux l’acte n’aurait pas pu être commis.

Enfin, nous espérons que les peines prononcées seront à la hauteur de leur implication et répondront à la douleur des victimes et des familles.

 

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