Entre le 11 et le 22 juillet 1995, à Srebrenica, dans l’Est de la Bosnie-Herzégovine, plus de 8 000 personnes furent massacrées tout simplement parce que nées bosniaques. Un génocide, reconnu comme tel par le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie et par la Cour Internationale de Justice, perpétré par des groupes d’origine serbe. Le dernier génocide d’Europe, pour lequel le rôle passif des États européens, eux qui ont connu la Shoah, fait encore l’objet de débats.
Depuis 25 ans, les blessures, les peurs et les traumas des survivants de Srebrenica et de leurs familles se mêlent à ceux des rescapés des génocides antérieurs qui ont eu lieu en sol européen. Tout comme ceux-ci, les Bosniaques de Srebrenica n’ont pas de tombeau où pleurer leurs proches, leurs cadavres jetés dans des fosses communes. Quelques 2 000 personnes sont toujours portées disparues.
En cette année 2020 si bouleversée et bouleversante, le 25e anniversaire du génocide de Srebrenica nous rappelle les périls réels qui peuvent se déclarer si, face à n’importe quelle crise, les sociétés et leurs dirigeants choisissent la division, et cèdent à la peur et à la quête de boucs émissaires, au lieu d’aller vers le rapprochement, les accords et la compréhension mutuelle.
À l’occasion du 25e anniversaire du génocide de Srebrenica, le Congrès juif mondial, établi en 1936 et représentant des communautés juives d’une centaine de pays, se joint à la peine des familles des victimes. Le Congrès juif mondial continuera son travail de préservation et de transmission de la mémoire de Srebrenica, comme de celle de la Shoah, et de tous les autres actes de barbarie perpétrés dans le monde, sans distinction du groupe ciblé. La mémoire des disparus nous oblige. L’horreur ne doit pas se reproduire.
Dans le même temps, face aux propos racistes, antisémites, misogynes et discriminatoires qui reparaissent dans le discours public, l’anniversaire du génocide de Srebrenica nous rappelle que la société entière doit faire bloc face à la haine, qui n’a jamais conduit qu’au pire. La haine n’a pas sa place dans nos démocraties dont elle menace les valeurs fondamentales.
Vingt-cinq ans après Srebrenica, le Congrès juif Mondial appelle chaque individu à rester vigilant et à ne jamais rester les bras croisés face à la discrimination et la persécution, sans distinction du motif.
Marcos Roca, JD Corps
*Le « Jewish Diplomatic Corps » (JD Corps), programme phare du Congrès Juif Mondial, est un réseau de jeunes professionnels juifs agissant dans le domaine de la diplomatie et de la politique publique. Il regroupe plus de 300 membres à travers près de 50 pays. Les membres, connus sous le nom de « Jewish Diplomats » (JDs), viennent d'un large éventail de milieux professionnels.