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Publié le 14 novembre dans Actualité Juive
Actualité Juive : La convention nationale du Crif marque son dixième anniversaire cette année. Quid de ce rendez-vous désormais incontournable ?
Francis Kalifat : La convention nationale du Crif s’est en effet imposée comme un rendez-vous pour tous ceux qui aiment le débat citoyen qui vise à comprendre la société et le monde contemporain. C’est un moment de réflexion et où se posent les questions qui doivent interpeller.
Un panel important et très diversifié d’écrivains, sociologues, ministres, journalistes et artistes sera présent. Cette convention va, comme les précédentes, être un fort moment d’échanges, d’autant qu’elle intervient dans un contexte particulier : l’approche des élections municipales et la persistance d’une menace terroriste. Quant à l’antisémitisme, loin d’être légué aux livres, il s’avère de plus en plus prégnant dans la société française et demeure d’une brûlante actualité.
Cette convention va nous donner l’occasion de traiter du communautarisme, du complotisme, de réfléchir sur la relation de la France et de l’Europe avec Israël et de parler du BDS. C’est sur ces nombreuses thématiques que nos invités répondront, à travers toutes les questions qui pourront leur être posées au cours des tables rondes, des déjeuners-débats et des différents ateliers. Deux séances plénières, une en fin de matinée et une autre en fin de journée, accueilleront le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer et le ministre de l’Intérieur. Un échange entre Boris Cyrulnik et Guillaume Durand aura lieu également. Comme les années précédentes, Ce rendez-vous devrait drainer un grand nombre de participants.
A.J.: L’intitulé de cette convention pose la question de la capacité du pays à s’unir contre l’antisémitisme. Celle-ci existe-t-elle quand on sait qu’au niveau politique, les élus de la majorité rechignent à voter une simple résolution qui assimile l’antisionisme à l’antisémitisme ?
F.K. : Ce titre fait en effet la synthèse de la situation dans laquelle nous sommes. La France est aujourd’hui fracturée et, en son sein, se trouve une haine particulière, l’antisémitisme, qui à la fois traverse les époques et qui est de plus en plus d’actualité.
Je considère que la priorité est de trouver les moyens de s’unir pour lutter contre cet antisémitisme qui gangrène la société française.
Alors oui, nous avons des difficultés aujourd’hui à ce que la parole du président de la République soit prise en compte par sa majorité à l’Assemblée nationale et nous n’arrivons pas à le comprendre. Le député Sylvain Maillard qui est à l’origine de cette résolution qui découle de la parole présidentielle exprimée au moment du dîner du Crif a bien du mal à la faire adopter. Cela fait partie des incohérences que nous ne comprenons pas. Il sera d’ailleurs l’invité de mon déjeuner-débat et ce sera l’occasion d’en parler.
« Chaque haine a des ressorts différents et doit être traitée de façon différenciée »
A.J.: « L’antisémitisme, une haine comme les autres ? », figure parmi les différentes thématiques qui seront abordées à cette convention. Un sujet d’actualité au lendemain de la marche de dimanche dernier…
F.K. : Absolument. Nous l’avons vu avec cet amalgame volontaire et détestable qui a été fait entre le martyre des Juifs sous l’occupation et ce que vivent aujourd’hui les Musulmans en France.
L’antisémitisme n’est pas une haine comme les autres. C’est une haine particulière dont on a vu les conséquences à travers l’histoire. On ne peut pas mettre au même niveau toutes les haines même si, bien évidemment, toutes les haines sont condamnables et il n’est pas question non plus de les hiérarchiser. Mais pour pouvoir traiter toutes ces haines avec efficacité, il convient de ne pas les traiter toutes de la même manière car chacune d’entre elles répond à des ressorts différents. C’est en agissant ainsi que l’on obtiendra de l’efficacité. Force est de constater que les plans de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et l’homophobie qui se succèdent depuis plusieurs années n’ont produit que très peu de résultats. Chaque haine doit être traitée de façon différenciée.
A.J.: Reviendrez-vous avec le ministre de l’Éducation nationale sur la polémique autour du port du voile pour les mères accompagnatrices des sorties scolaires ?
K.F. : La question sera certainement posée voire évoquée dans son discours. Je profiterai de l’occasion qui m’est donnée pour saluer l’action du ministre, qui devrait, d’ici une génération, rendre des résultats. Quant à avoir des résultats immédiats, il faudrait pour cela apporter des réponses à ceux qui souffrent de l’antisémitisme. Ces réponses passent par un renforcement des peines de justice afin qu’elles soient dissuasives.