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Publié le 8 mai dans 20 Minutes
La victoire d’une icône. Si Dana International a remporté l’Eurovision 1998 avec sa chanson Diva sur le fil – avec sept petits points d’avance sur sa dauphine maltaise –, elle a assurément marqué l’histoire du concours. Lorsque l’artiste israélienne arrive à Birmingham (Royaume-Uni), où se tient cette édition, elle est placée sous haute protection. Qu’une femme trans participe à l’événement et représente l’État hébreu lui vaut de vives critiques des juifs orthodoxes et des menaces de mort. Même sa robe, créée par Jean Paul Gaultier (voir encadré), dispose d’un garde du corps, apprend-on dans le livre La saga Eurovision (éditions Favre).
Pourtant, la chanteuse dont la carrière a commencé en 1992, était « extrêmement populaire » en Israël, rappelle Alon Amir, qui était à l’époque membre de la délégation israélienne. « Beaucoup pensaient que, parce qu’elle est trans, il lui serait difficile de gagner. Ils ne comprenaient pas que son histoire avait captivé l’attention de l’Europe, poursuit-il. Sa victoire n’est pas due seulement à sa chanson, mais aussi à son profil, sa personnalité. »
Le triomphe de Dana International fait taire un temps ses détracteurs les plus acharnés. Les voix conservatrices, du côté des politiques comme des religieux, se feront entendre l’année suivante lorsque Israël organisera l’édition 1999 : hors de question pour eux de se réjouir d’accueillir, qui plus est à Jérusalem, un concours remporté par une compatriote trans. Mais en attendant, c’est une vague de bonheur qui a inondé le pays.
« Juste après la victoire, on était dans notre chambre d’hôtel à Birmingham où Dana enchaînait les interviews, se remémore Alon Amir. On était tellement jaloux des gens à Tel-Aviv qui ont fêté ça place Rabin jusqu’au petit matin. Nous, on était en train de bosser, c’est triste. » Le bonheur submerge particulièrement la communauté LGBT (lesbienne, gay, bi, trans) qui, d’ordinaire poussée à la discrétion, pavoise avec les drapeaux arc-en-ciel.
« Ce n’était pas qu’une simple victoire à un concours musical, cela a fait évoluer les choses en Israël, reprend l’ancien membre de la délégation israélienne. L’opinion publique a commencé à être de plus en plus favorable aux personnes LGBT en prenant conscience qu’elles pouvaient apporter beaucoup d’honneurs au pays. Dana International a été une pionnière. Elle a fait beaucoup de choses qui à l’époque étaient controversées, elle a fait ce qu’elle avait à faire et elle l’a bien fait. »
Dana International participera à nouveau à l’Eurovision en 2011, toujours sous la bannière israélienne. Mais cette fois-ci avec moins de succès puisqu’elle a été éliminée lors des demi-finales. Qu’importe, pour cet Eurovision 2019 à Tel-Aviv, elle aura l’honneur d’ouvrirla finale, le 18 mai, en chantant un medley incluant, bien évidemment, Diva…