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Published on 28 January 2019

Antisémitisme - La Tribune du Président israélien dans le Journal Du Dimanche

Pour la Journée internationale en mémoire des victimes de l’Holocauste, Reuven Rivlin, président de l'Etat d'Israël, en visite en France cette semaine, appelle chaque citoyen à lutter contre les préjugés, la violence et la haine. Un tribune publiée dans le JDD.

Publié le  26 janvier dans le JDD

"J'avais 9 ans lorsque j'ai vu pour la première fois flotter le drapeau de l'État d'Israël souverain. Enfant de Jérusalem ayant grandi dans cette ville aux racines sacrées, j'ai gardé une très forte impression de cette expérience. Bien que soixante-dix ans se soient écoulés depuis, j'avoue avoir toujours et à chaque fois les yeux brillants et le cœur qui tremble en voyant le drapeau israélien flotter dans le monde entier. Je ne suis pas le seul.

La génération née avant l'indépendance ne percevra jamais l'État ­hébreu comme allant de soi. Mes petits-­enfants connaissent un autre Israël : une démocratie jeune mais bien établie, reposant sur une tradition ancienne et une longue histoire, une start-up nation dont la diversité humaine est la plus grande richesse, un pays dont les citoyens parlent ­différentes ­langues et qui abrite des communautés ­religieuses variées, un État qui ­profite de ses avancées technologiques et scientifiques et coopère avec des démocraties solidement installées ainsi qu'avec les pays en développement du monde entier pour promouvoir le bien-être de l'humanité. Oui, l'État d'Israël a accompli de grandes réalisations en soixante-dix ans et la France était ­souvent à nos côtés.

L'indestructible amitié entre la France et Israël a résisté à toutes les vicissitudes de l'Histoire. Nous n'oublierons jamais le soutien et l'aide apportés par la France au tout jeune État hébreu. Quelques années après la Shoah, ils ont permis à l'État d'Israël de résister à ses ennemis. Ainsi les mots 'plus jamais ça' n'étaient plus seulement une prière mais une promesse.

Ce dimanche, le monde célèbre la Journée internationale en mémoire des victimes de l'Holocauste. Ces dernières années, une vague trouble d'antisémitisme a balayé l'Europe. En France aussi, l'antisémitisme s'est illustré dans toute sa laideur. Récemment encore, nous avons pleuré les ­assassinats de Sarah Halimi et de Mireille Knoll. À une époque où les hommes et femmes politiques en Europe n'ont plus honte d'être antisémites et d'essayer de réécrire l'histoire humaine, la position du gouvernement du président Macron contre l'antisémitisme n'est pas seulement la bienvenue, elle constitue une démarche admirable.

Les paroles courageuses du Président, qui lient l'antisionisme et l'antisémitisme tout en continuant à assumer la responsabilité des crimes du régime de Vichy, ainsi que le programme de commémoration de la Shoah mis en place dans le système scolaire français, constituent une étape importante dans la lutte contre la vague d'antisémitisme. Un message sans équivoque, au-delà des frontières.

Comme toujours, nous sommes reconnaissants de l'engagement de la France envers sa communauté juive établie de longue date. ­Cependant, il nous semble évident que la lutte des dirigeants français contre les ­manifestations d'antisémitisme et de racisme ne découle pas seulement de cet engagement, tout comme l'antisémitisme et le racisme ne sont pas seulement le problème du peuple juif, mais de tous ceux qui croient dans les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité.

Je vous appelle, citoyens français, à prendre part à cet effort. J'appelle chacun d'entre vous à combattre l'antisémitisme et la haine en votre demeure, dans votre rue, dans votre quartier, dans votre ville. La lutte contre les préjugés, la violence et la haine ne peut être menée par la République seule, elle doit l'être par une société civile forte et déterminée. C'est la société qui doit dénoncer les négationnistes et les adeptes de la quenelle. C'est la société tout entière qui doit affirmer, à ­l'instar de Levinas, que nous devons nous souvenir de l''humanisme de l'autre homme', ce qui passe par le respect et la bienveillance pour celui qui nous est différent mais jamais étranger."

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