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Published on 11 January 2019

Distinction - Le Prix Uzi Narkiss décerné à Philippe Dallier

Le Prix Uzi Narkiss a été décerné à Philippe Dallier, Premier vice-Président du Sénat, Sénateur de Seine Saint–Denis, et Maire Honoraire de Pavillons-sous-Bois.

Uzi  Narkiss était le Général israélien qui a réunifié Jérusalem en 1967 pendant la guerre des 6 jours, avec Yitzhak RABIN et Moshe DAYAN. Ce prix est décerné chaque année, à un élu français en récompense de ces actions menées en faveur d’Israël, d’un processus de paix équilibré, de sa présence aux côtés d’Israël dans les moments difficiles, de son combat contre l’intolérance, le fanatisme et surtout pour sa contribution constante à l’amélioration des relations entre les peuples de France et d’Israël.

Cette remise de prix a été organisée le 23 octobre dernier au SENAT par l’Association ADELMAD ,Association des Elus Français Amis D’Israël, en présence de Hervé MARSEILLE Président du groupe Centriste au Sénat Sénateur des Hauts de Seine et Président d’ADELMAD, de Madame l’Ambassadrice d’Israël en France Aliza BIN-NOUN , de Georges ISRAEL Président du Prix, de nombreux Sénateurs,  Députés, d’Elus Locaux, du Directeur du CRIF Robert EJNES, des membres fondateurs d’ADELMAD  Bernard GAHNASSIA, Anne BRANDY, Simon MIDAL, et Jean-Marc BOCCARA.

Ce prix a été décerné à Philippe Dallier, Premier vice-Président du Sénat, Sénateur de Seine Saint–Denis, et Maire Honoraire de Pavillons-sous-Bois.

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Discours de  Philippe  Dallier

Madame l’Ambassadrice d’Israël en France,

Monsieur le Président d’ADELMAD

Monsieur le Président du Jury du prix Uzi NARKISS

Chers collègues parlementaires et élus locaux,

Mesdames et messieurs,

Chers amis,

Permettez-moi tout d’abord de vous dire mon plaisir de vous retrouver ici pour ce moment qui est d’abord un moment de convivialité, entre amis tout simplement mais aussi et surtout entre amis d’Israël.

Merci madame l’Ambassadrice de votre présence qui m’honore. Vous me rappeliez, il y a une dizaine de jours, lors d’un colloque sur la problématique de l’eau dans le bassin du Jourdain, organisé à l’Assemblée nationale et au Sénat, que nous nous connaissons depuis bientôt 3 ans, date de votre entrée en poste à Paris et je me disais alors : que le temps passe vite...

… cela doit tenir au fait que c’est toujours un plaisir de travailler avec vous et avec les services de l’Ambassade pour favoriser les échanges entre nos deux pays bien sûr, pour tenter également, et ce n’est pas le plus facile, de faire changer le regard porté sur Israël de ce côté-ci de la Méditerranée.

Un exemple récent nous a encore montré combien les médias français peuvent être, allez comment dire, « orienté » pour être aimable... ne montrant jamais que ce qu’Israël est parfois amené à faire pour assurer sa sécurité, oubliant trop souvent de rappeler qu’il a, face à lui, à ses frontières, d’un côté, le Hamas à Gaza, de l’autre le Hezbollah au Liban et maintenant l’Iran en Syrie.

Que ferions-nous ? Que ferait un gouvernement français quel qu’il soit s’il avait à ses portes, des gens qui expriment clairement non pas leur opposition à la politique d’un état mais leur volonté de voir tout bonnement ce pays rayé de la carte ?

Que ferait un gouvernement français si, non pas seulement depuis 2015, ce qui fut pour nous un choc terrible, des attentats avec lieu régulièrement sur notre sol depuis 20 ans, 30 ans, dans des bus, dans des restaurants, dans la rue...

Que ferat un gouvernement français si, régulièrement, tombaient sur notre sol des roquettes envoyées pas ceux qui, je le rappelle, éduquent aussi leurs enfants, dès le plus jeune âge, dans la haine des juifs et d’Israël, livres scolaires ou bandes dessinées à l’appui qui sont d’ailleurs parfois malheureusement financés par l’Europe.

Ces questions, chacun devrait se les poser avant de porter un jugement définitif sur telle ou telle décision qu’Israël peut-être amener à prendre.

Alors bien sûr, le rôle du groupe d’amitié France-Israël et de son Président, comme celui de tous les groupes d’amitié, n’est pas de soutenir ou de critiquer la politique menée par le gouvernement du pays concerné.

D’ailleurs, Israël est une vraie démocratie, la seule de la région, faut-il le rappeler, c’est donc aux Israéliens et à eux seuls de choisir ceux qui les gouvernent et la politique qu’ils conduisent.

Et d’ailleurs, si la politique française est compliquée, la politique israélienne l’est encore plus. Je ne sais plus qui me disait : mettez 3 israéliens dans la même pièce, ils auront bientôt créé 4 partis politiques.

La politique conduite par le gouvernement d’Israël, quel qu’il soit, si elle est bien sûr une donnée de l’équation de la relation entre États, dont on dit souvent et assez justement qu’ils n’ont pas d’amis mais uniquement des intérêts, ne change rien à l’amitié entre nos peuples, ne change rien à ce qui les rapproche naturellement, leur histoire commune, les valeurs qu’ils partagent... et pour vous ici, comme pour moi, entre Israël et la France tout cela compte autant ou plus que accords où les désaccords sur tel ou tel point.

Voilà pourquoi, je suis heureux et fier de présider ce groupe d’amitié qui, je le rappelle est l’un des plus importants du Sénat, ce qui m’a donné l’occasion et le plaisir de faire votre connaissance madame l’Ambassadrice. Merci encore Madame de votre présence qui me touche beaucoup.

Merci également à mon ami Hervé Marseille, Président d’ADELMAD et du groupe centriste au Sénat mais aussi Vice-Président du groupe d’amitié. C’est toujours un plaisir de côtoyer Hervé et un plaisir encore plus grand de voyager avec lui comme ce fut le cas en mai dernier, en Israël avec le groupe d’amitié.

Un grand merci donc et à l’association et au Président du Jury monsieur Georges ISRAËL pour m’avoir décerné ce prix.

C’est d’ailleurs grâce à l’association et à Bernard Gahnassia que j’ai découvert Israël il y a un peu plus de 22 ans. C’était en janvier 1996. J’avais été élu maire des Pavillons-sous-bois, six mois plus tôt, et je suis parti avec un groupe d’élus locaux pour découvrir la terre promise.

Mon premier souvenir de ce voyage, la première image forte, c’est un levé de soleil sur la vieille ville de Jérusalem depuis le mont des Oliviers. Il faisait un peu froid, le ciel était d’un bleu limpide et la lumière sur les pierres blanches était indéfinissable. Le spectacle était magnifique et chaque fois que je pense à Israël, c’est d’abord cette image qui me revient en mémoire.

En janvier 1996, Israël connaissait alors l’un de moments les plus difficiles de son histoire, en dehors des périodes de guerre, puisque quelques semaines plus tôt, Itzhak Rabin avait été assassiné par un jeune extrémiste juif. Toute la société israélienne s’interrogeait alors pour essayer de comprendre pourquoi on en était arrivé là après être passé si près, peut-être, d’un accord de paix avec les palestiniens. J’ai donc voulu essayer de comprendre et de mieux connaitre ce pays et ce peuple.

Alors je ne sais pas si je mérite le prix que vous me décernez ce soir car il ne me semble pas avoir fait quoi que ce soit d’extraordinaire.

Je peux simplement revendiquer le fait d’aimer Israël et de le dire, j’allais dire « d’oser le dire » tant il est vrai que certains voudraient réduire au silence tous ceux qui regardent la réalité de ce pays sans les lunettes déformantes des médias, sans parler des antisémites patentés.

Et j’ajouterai, je ne se suis pas juif, j’aime Israël et j’ose le dire. Je rajoute cela parce que, l’année dernière, l’un de mes collègues m’a demandé : « mais pourquoi as-tu voulu prendre la présidence de ce groupe d’amitié » et il m’a carrément posé la question : « ta famille a des origines juives... ? ».

Bon, il faudrait peut-être que je fasse des recherches pour voir si je ne descends pas, à la 35ème génération, de l’une des 12 tribus d’Israël. À ma connaissance non.

Mais au-delà de l’anecdote qui m’a un peu fait sourire, cette question est assez révélatrice de l’état d’esprit de ceux qui conçoivent difficilement que l’on puisse être un ami d’Israël sans être juif. Et pourtant, pour moi, c’est simple...

Être un ami d’Israël c’est d’abord connaitre et comprendre l’histoire du peuple juif, ce peuple sans terre pendant des millénaires qui se dispersa au Moyen-Orient, en Afrique, en Europe puis aux Amériques au gré malheureusement des persécutions dont il a toujours été victime.

C’est aussi ne jamais oublier qu’il y a moins d’un siècle, en Europe, affichant clairement leur haine des juifs, dans l’un des pays les plus civilisés, les plus cultivés d’Europe et par la voix démocratique, les nazis ont pu s’emparer du pouvoir en Allemagne, déclencher la guerre et mettre en œuvre la solution finale.

C’est se souvenir, que le grand mufti de Jérusalem, alors qu’Israël n’existait pas, est responsable du premier grand pogrom à Jérusalem en 1929, c’est se souvenir que dès les années 30, il a entretenu des liens avec les nazis qui le finançaient, qu’il s’est rendu à Berlin, en 1941, pour serrer la main d’Hitler lui demandant déjà de « régler » le problème juif en Palestine.

Être un ami d’Israël, c’est se souvenir du proverbe Yiddish : « men ist azoy wie Gott in Frankreich », « Heureux comme un juif en France » à l’époque où seule la France avait émancipé les juifs, les faisant citoyens, mais c’est aussi se souvenir qu’en octobre 40, l’État Français de Pétain promulguait les premières lois anti-juives alors que les allemands n’exigeaient encore rien.

Être un ami d’Israël, c’est considéré que l’humanité a une dette imprescriptible envers le peuple juif parce que le peuple juif a été la victime du plus grand crime contre l’humanité dans un silence assourdissant.

Être un ami d’Israël c’est reconnaitre qu’aujourd’hui, en France, dans mon département, au XXIème siècle, en Seine-Saint-Denis, des familles juives sont obligés de quitter la ville où elles vivaient depuis des années parce qu’elles ne se sentent plus en sécurité, c’est reconnaitre que dans certains établissements scolaires publics, les professeurs d’histoire ne peuvent pas enseigner la Shoah parce que de jeunes ados en conteste l’existence même.

Être un ami d’Israël c’est comprendre qu’après des siècles d’errance et de persécutions, le rêve de Théodore Herzl devenu réalité en 1948, voilà 70 ans, incarne pour toujours le droit imprescriptible du peuple juif à disposer d’un état, pour les mêmes raisons qu’à l’époque Herzl l’avait rêvé, c’est à dire parce que l’antisémitisme n’a jamais été éradiqué et qu’il renait aujourd’hui sous une autre forme, celui de la haine d’Israël.

CHURCHILL et MARX, je préfère le premier, on dit quelque chose d’assez proche : « un peuple qui oublie son histoire est condamné à la revivre ». Le peuple juif n’a jamais oublié son histoire, c’est ce qui fait sa force, alors n’oublions pas la nôtre.

Être un ami d’Israël c’est aussi reconnaitre qu’il faut trouver une solution au problème palestinien et que c’est d’abord aux israéliens et aux palestiniens de trouver cette solution. Vienne le jour où ce sera le cas.

Voilà, mesdames et messieurs, toutes les raisons pour lesquelles je suis un ami d’Israël alors du fond du cœur, merci de m’avoir, ce soir, reconnu comme tel.