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Entretien mené par Gérard Unger, vice-président du Crif
1. Présentez nous votre mouvement et sa vision
Commandants pour la Sécurité d’Israël (CIS) est un mouvement non partisan. Ses membres sont des généraux de Tsahal à la retraite et leurs équivalents dans les services de sécurité israéliens –l’Agence de Sécurité intérieure israélienne (le Shin Beth), le Mossad et la police, en tout plus de 280 généraux. Ses membres (85% des généraux israéliens retraités) ne cherchent en aucun cas à se promouvoir et n’ont aucun intérêt personnel; ils sont motivés uniquement par le souci de l’avenir d’Israël, de leurs enfants et de leurs petits-enfants.
Le CIS a pris la décision de promouvoir une initiative politique de sécurité qui permettra à Israël de sortir de l’impasse actuelle, en tant qu’étape intermédiaire vers la mise en œuvre de sa vision. La vision du mouvement est centrée sur la nécessité de parvenir à un accord permanent avec les Palestiniens, de normaliser les relations et de conclure des accords sécuritaires et politiques avec les États arabes pragmatiques et ainsi, de sécuriser Israël à l’intérieur de frontières permanentes et reconnues tout en garantissant son identité comme État démocratique du peuple juif.
2. Créer une antenne de votre mouvement en Europe n’est-il pas une mise en cause de la démocratie israélienne et des choix de sa population ?
Nous respectons le choix des Israéliens et sommes profondément attachés à notre démocratie. Nous sommes un mouvement non partisan. Nous ne sommes liés à aucun parti politique, n’en soutenons aucun, ne nous opposons à aucun. Nous affirmons notre soutien à tout dirigeant et à tout parti politique sioniste de droite comme de gauche et du centre, qui s’engagera à promouvoir notre vision et nos plans, et à s’opposer à toute annexion partielle ou totale de la Judée Samarie, annexion qui entrainera Israël sur une pente qui menacera son existence même en tant qu’État Juif, sûr et démocratique. C’est notre devoir de le faire en tant que Juifs, citoyens israéliens, et officiers supérieurs retraités qui se sont battus toute leur vie et ont servi le pays au plus haut niveau pour qu’Israël soit et reste le foyer national du peuple Juif, sûr et démocratique.
3. Pourquoi vous adressez-vous aux communautés juives en diaspora ? Les questions que vous abordez ne sont elles pas une problématique qui ne concerne que les Israéliens ?
Le lien entre Israël et le peuple Juif en Diaspora est inaliénable et indéfectible. Israël est et doit rester pour l’éternité le « Foyer national du peuple Juif », comme il est inscrit en « lettres d’or » dans la déclaration d’Indépendance. C’est l’essence même d’Israël
Nous sommes convaincus, et le démontrons, qu’une annexion officielle, légalisée, même partielle, de la Judée Samarie entrainera inévitablement une réaction en chaine qu’Israël ne pourra pas contrôler, à la fois sur la scène intérieure comme sur la scène régionale et internationale. Cette réaction en chaine, cette « effet de domino » entrainera Israël sur une pente qui l’amènera à annexer des centaines de milliers, voire des millions de Palestiniens. Israël devra alors prendre une décision vitale qui influencera son essence même, et donc l’avenir du peuple Juif tout entier : ces millions de Palestiniens seront-ils des citoyens à part entière, auquel cas Israël deviendra « l’État de tous ces citoyens » et perdra son identité juive et sioniste, aura un autre drapeau et un autre hymne, ou bien n’auront-ils que des droits limités, auquel cas Israël deviendra un État à régime discriminatoire de type apartheid?
L’avenir d’Israël, tout ce qui influence la sécurité d’Israël, sa prospérité, sa réputation, son image, son régime et sa nature a et aura une influence considérable sur la situation personnelle et collective des Juifs du monde entier. C’est pourquoi nous nous adressons aux Juifs des États Unis et d’Europe pour qu’ils fassent entendre leur voix, et pour leur exposer de vive voix les opportunités et les dangers qu’Israël affronte. C’est le but principal de l’ouverture de notre délégation en Europe, comme nous avons d’ailleurs depuis des années un partenariat et un dialogue avec les Juifs des États-Unis. Jusqu’à présent les communautés Juives d’Europe étaient exclues de ce dialogue, et nous avons décidé d’y remédier par l’ouverture de cette représentation à Bruxelles.