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Publié le 10 Avril 2024

Le brief du Crif - Tribune co-signée par la Ministre Aurore Bergé, « Lutter contre l'antisémitisme, c'est se battre pour nos démocraties »

Aurore Bergé, Ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, a publié le 9 avril, une tribune co-signée avec Lord Éric Pickles, Envoyé spécial du Royaume-Uni pour les problèmes post-holocauste et Félix Klein, délégué interministériel du gouvernement fédéral allemand, pour la vie juive en Allemagne et contre l’antisémitisme : « Lutter contre l'antisémitisme, c'est se battre pour nos démocraties ».

Tribune co signée par Aurore Bergé, Ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, Lord Éric Pickles, Envoyé spécial du Royaume-Uni pour les problèmes post-holocauste et Félix Klein, délégué interministériel du gouvernement fédéral allemand, pour la vie juive en Allemagne et contre l’antisémitisme :

 

 

« Lutter contre l'antisémitisme, c'est se battre pour nos démocraties 

 

Aujourd'hui, nous nous réunissons pour célébrer le 20e anniversaire de la Déclaration de Berlin. Une déclaration pour mieux lutter contre l’antisémitisme et engager les États participants à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Depuis vingt ans, nous avons déploré une augmentation constante des actes antisémites dans le monde entier, tant en quantité qu’en intensité.

 

Comme si les auteurs de la Déclaration de Berlin avaient prédit ce développement terrible, ils avaient proposé de nombreux instruments de lutte contre l'antisémitisme aujourd’hui au cœur de nos politiques publiques. Énoncer clairement que l'antisémitisme est une forme de haine reliant différents types d'extrémisme, dont la forme change selon l’actualité du débat public. Créer des instruments juridiques pour lutter efficacement contre la haine antisémite. Nous donner les moyens de collecter des données fiables et sensibiliser nos enfants à la lutte contre l'antisémitisme. Nous devons continuer à agir dans l'esprit et sur la base de la Déclaration de Berlin, surtout aujourd'hui, lorsque nous voyons des niveaux de discrimination, de haine et de violence antisémite sans précédent depuis la fin de la Shoah. 

 

La montée en puissance actuelle de l'antisémitisme dans nos pays est protéiforme. Depuis les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre, les commentaires antisémites et la haine se diffusent largement via toutes les plateformes et les réseaux sociaux. En France, 75 % des contenus antisémites signalés sur les plateformes en ligne ont été identifiés sur X (Twitter). Sur YouTube, les contenus antisémites ont été multipliés par cinquante, incluant des menaces directes contre les institutions juives et les individus. Mais la haine en ligne reste rarement dématérialisée ; elle conduit souvent à la violence dans nos rues, nos écoles, nos universités. Sur nos campus, l'intimidation et la violence contre les étudiants sont signalées. Au Royaume-Uni, pour la première fois, des incidents antisémites ont été enregistrés dans chaque région. En Allemagne, les incidents antisémites ont augmenté de 320 %. Entre l'attaque du Hamas et fin janvier 2024, 2 249 crimes antisémites y ont été commis, la plupart liés au conflit au Proche-Orient. En France, 40 % des actes antisémites en milieu scolaire font l’apologie du nazisme. 

 

L'antisémitisme, c’est accepter que certaines personnes soient ciblées uniquement pour ce qu’elles sont ou sont censées être. L'antisémitisme cause des dommages physiques et émotionnels durables. Ceux qui commettent des actes antisémites attaquent les valeurs de la République. Ces valeurs fondamentales qui sous-tendent nos sociétés, faites de diversité, d’égalité et de respect. L'antisémitisme propage la peur et la division de nos sociétés en sapant le ciment qui unit nos peuples. Ceux qui ciblent les Juifs, ciblent nos sociétés. 

 

C'est pourquoi nous rappelons notre attachement à cette cause universelle qu’est le combat contre toutes les haines. La lutte contre le racisme et l’antisémitisme sont indissociables. Nous devons renforcer nos différentes structures ciblant l'antisémitisme – plans nationaux d'action, coordinateurs nationaux, promotion de la définition de l'IHRA couvrant toutes les formes d'antisémitisme, cadres juridiques que nous encourageons tous les pays à établir avec la société civile et notamment les institutions représentatives des communautés juives. La sensibilisation et l’éducation doivent aussi être au cœur de nos actions. Nous encourageons les autorités, universités, conseils ou entreprises à travailler ensemble, à soutenir leurs collègues, employés ou étudiants juifs. En France, ce sera le thème au cœur des « Assises de lutte contre l'antisémitisme » qui s’ouvriront le 6 mai. Nous devons garantir toute leur place à l’ensemble de nos compatriotes juifs. La lutte contre l’antisémitisme n’est pas que l’affaire des Juifs, elle concerne toute notre société, tous nos citoyens. Si nous perdons cette bataille, nous perdons nos démocraties. » 

 

 

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