Editorial du président
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Publié le 21 Février 2012

Annulation du colloque de Paris VIII sur l’apartheid

L’annulation par le Président de l’Université Paris VIII du colloque «Des nouvelles approches sociologiques, historiques et juridiques à l'appel au boycott international : Israël : un État d’apartheid ?» prévu les 27 et 28 février 2012, est tout simplement conforme à la Loi. Cette année, Paris VIII a accepté un colloque exclusivement politique, à une voix, pour appuyer la campagne de boycott contre Israël (campagne dite BDS, illégale au sens des articles 225-1 et 225-2 du Code Pénal et des articles 23 et 24 de la loi du 29 juillet 1881) et pour se poser doctement la question : Israël : un état d’apartheid ? Le point d’interrogation n’est ici qu’un point d’hypocrisie.

Richard Prasquier

Nul n’est plus que nous attaché à la liberté d’expression. Encore faut-il qu’elle s’exerce selon les principes de la démocratie et du libre débat scientifique

Les intervenants sont strictement monocolores : tous (voir leur biographie dans la newsletter du 20 février  de la Newsletter) avaient déjà manifesté leur hostilité envers Israël et pour certains de façon particulièrement militante. Tous n’étaient pas des universitaires et certains intervenaient très loin du champ de leur compétence scientifique. L’un des orateurs, Omar Barghouti, est le virulent théoricien du boycott, l’homme qui a écrit que celui-ci n’était qu’un moyen d’aboutir à la disparition de l’Etat d’Israël. Cela n’empêche pas M. Barghouti de faire des études dans une université de Tel Aviv : intéressant exemple d’apartheid…

 

La Présidence de l’université a précisé dans son communiqué du 17 février dernier que l’autorisation de tenir ce colloque avait été donnée en pensant que le principe d’indépendance intellectuelle et scientifique de l’établissement serait respecté. Contrairement à ce qui est écrit, le Président de l’université n’a pas eu à « subir des pressions » car une simple application de la législation et de la jurisprudence en vigueur suffisait à faire légitimement annuler ce colloque.

 

En effet, faut-il rappeler à certains donneurs de leçons qui s’offusquent de cette décision que si la liberté d’expression et de réunion est la règle et constitue un droit fondamental dans l’enseignement supérieur, il n’en demeure pas moins que cette liberté ne peut s’exercer qu’en contrepartie d’une part, d’une absence de risque de trouble à l’ordre public et d’autre part, du respect de la mission dévolue à l’université tenant à l’indépendance de toute emprise politique, religieuse, idéologique (articles L.141-6 et L.811-1 du Code de l’Education) ?

 

Faut-il rappeler qu’en l’espèce, il y a un an le 7 mars 2011, le Conseil d‘Etat avait débouté le Collectif Palestine ENS de sa demande tendant à contraindre la directrice de l’Ecole Normale Supérieure à revenir sur sa décision interdisant à ce Collectif une salle pour l’organisation d’une réunion traitant des mêmes sujets qu’à Paris VIII au sein de son établissement ?

 

Nul n’est plus que nous attaché à la liberté d’expression. Encore faut-il qu’elle s’exerce selon les principes de la démocratie et du libre débat scientifique, particulièrement nécessaires en milieu universitaire. La pétition de protestation que publie Médiapart a été mise en place par des militants anti-israéliens qui ont fait croire à des signataires de bonne foi que la liberté d’expression était en cause. Non, ce qui est en cause, ce sont les conditions d’un débat équilibré et démocratique.

 

Les staliniens du  passé dévoyaient les termes de démocratie populaire au profit de régimes qui n’étaient ni démocratiques, ni populaires. Les staliniens d’aujourd’hui dévoient  la belle formule de « liberté d’expression » à leur unique profit en esquivant le contradictoire pour oblitérer la parole de ceux qui ne pensent pas comme eux. Ce sont eux les véritables censeurs.

 

Richard Prasquier

Président du CRIF