Tribune
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Publié le 6 Janvier 2015

La colère des Israéliens contre la France

Par Freddy Eytan, publié sur le site du Cape de Jérusalem le 4 janvier 2015

La passion l’emporte une fois encore dans les relations franco-israéliennes. En jugeant les nombreuses réactions officielles et celles diffusées sur les sites internet, les Israéliens sont vraiment en colère contre la décision surprenante de la France de soutenir le projet de résolution des Palestiniens au Conseil de sécurité. 

Ce n’est pas la première fois que les Israéliens s’emportent violemment contre la politique française. Pour mémoire, rappelons les insultes contre de Gaulle et Pompidou « ces antisémites ! », celle de Rabin sur « les salopards de Français », et les manchettes de la presse israélienne criant au scandale après la rencontre Arafat- Sauvagnarges à Beyrouth, ainsi que les commentaires et caricatures suite à l’affaire Abou Daoud : « La France a perdu son âme et son honneur pour du pétrole », « Beau succès pour la diplomatie française ! Presque aussi grand que celui, historique, qu’elle avait emporté à Munich », etc.

Aujourd’hui, certains observateurs politiques évoquent « la trahison » et « l’hypocrisie » de la France. La convocation par le Ministère israélien des Affaires étrangères de l’ambassadeur de France était sans doute justifiée même si celle-ci est rare dans les annales des deux pays.

Nous suivons de longue date la « politique arabe » de Paris et sa position aveugle à l’égard des Palestiniens et nous constatons en effet qu’elle n’a pas vraiment changé depuis 1974. Cependant, ce qui choque et met en colère cette fois-ci, ce sont les fermes promesses françaises non tenues. Jusqu’à la dernière minute, les représentants français déclaraient sans ambages qu’ils proposeraient leur propre projet de texte ou du moins s’abstiendraient.

La France socialiste, celle de Hollande et de Fabius a bien déçu ! Les paroles chaleureuses d’amitié et de franchise, les garanties sur la sécurité d’Israël dans « des frontières sûres et reconnues » que tous les dirigeants français ont souvent prononcées à Jérusalem, devant la Knesset, restent toujours fugaces et partent à chaque fois en fumée. Elles sont désormais incompatibles avec la réalité sur le terrain. Le dernier comportement est vraiment incompréhensif ! Les froides explications et les justifications forcées des officiels français ont approfondi l’hypocrisie et l’embarras. L’ambiguïté devrait être levée, car les sentiments de frustration ne peuvent plus nous convaincre. On ne supporte plus les politesses exagérées, les salamalecs !

Comment peut-on trahir un ami dans un moment crucial, quand on a vraiment besoin de lui ? Pourquoi la France n’a-t-elle pas choisi l’abstention comme le Royaume-Uni ? Pourquoi s’est-elle détachée du camp occidental pour combattre contre les Américains en faveur de la supercherie palestinienne, au moment même où Paris lutte justement contre le terrorisme international sur son propre territoire et contre Daesh ?

Le monde a donc changé avec l’effondrement des frontières étatiques et la mondialisation. Les nouvelles relations internationales ne permettent plus de compter que sur de vagues promesses européennes et en particulier françaises. Le vieux continent demeure aigri, fatigué et toujours mercantile. Il a du mal à affronter les menaces intérieures, économiques, sociales et islamistes.

Sans bien entendu couper nos excellentes relations bilatérales, il est temps de disqualifier l’Europe, et en particulier la France, afin de régler le conflit israélo-palestinien. L’Europe a choisi aveuglément le camp adverse, celui de la cause palestinienne. Comment peut-elle encore jouer le rôle d’arbitre ?... Lire la suite.