Tribune
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Publié le 15 Février 2012

Hollande-Sarkozy : retour sur une poignée de mains

Ceux qui doutaient encore de l’habileté de François Hollande en sont pour leurs frais. À l’occasion du diner du CRIF, le candidat socialiste a eu le bon réflexe.

Du côté de l’Elysée, la séquence avait pourtant été bien préparée et impeccablement menée. Nicolas Sarkozy, auteur d’un discours sans fausse note et très remarqué, avait fait monter à ses côtés Noam Shalit, le père de l’ex-otage franco-israélien. L’affaire était presque pliée. Les mots de gratitude, amplement mérités au demeurant, de Noam Shalit à Nicolas Sarkozy devaient être l’évènement saillant ; l’accolade de Shalit à Sarkozy, la photo de la soirée, celle que l’on verrait le lendemain en page politique de la presse quotidienne. L’image Shalit-Sarkozy ou une énième déclinaison de la stratégie du président-candidat, qui reléguerait ainsi au titre d’anecdote la présence du candidat socialiste à cette soirée courue, se tenant cette fois-ci à moins de cent jours de l’élection présidentielle.

 

Mais en allant saluer Nicolas Sarkozy dans les minutes qui ont suivi son intervention, François Hollande est parvenu, non sans une certaine élégance, à changer la donne.

 

Par cette poignée de mains, le candidat socialiste a offert un évènement d’intérêt médiatique supérieur à la venue de Noam Shalit à ce dîner, ou aux déclarations, courageuses, de Nicolas Sarkozy. C’est cette poignée de mains qui a fait l’évènement, cette photo sans précédent des deux hommes qui a fait date, non plus en page intérieure, mais à la une d’Aujourd’hui en France du lendemain. On appréciera l’habileté du candidat socialiste et sa capacité à improviser avec brio.

 

Mais au-delà de son aptitude au retour-reflexe, François Hollande a aussi marqué des points dans la course à l’Elysée. Par son geste, il a indiqué quelque chose de sa stature : Il y a 5 ans, Ségolène Royal avait soigneusement évité Nicolas Sarkozy au dîner du Crif. Aujourd’hui, François Hollande va à la rencontre de son principal concurrent et lui tend la main disant par là qu’il ne craint pas la confrontation et qu’elle n’empêche pas la bienséance.

 

Sur la vidéo qui a immortalisé cette séquence unique, on lit dans les premiers instants l’étonnement sur le visage de Nicolas Sarkozy. Finalement, il réagit lui aussi très bien à cette invitation du candidat socialiste. C’est la deuxième fois dans cette campagne que j’observe François Hollande prendre de court ses adversaires. A l’aube de la déclaration de candidature de Nicolas Sarkozy, cela nous promet une campagne pleine de surprises.