Tribune
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Publié le 13 Juillet 2015

Face à l’islamisme, la République ne doit pas trembler !

Un texte commun pour faire entendre la voix de la majorité dite "de culture musulmane".

Publié dans Marianne le 13 juillet 2015
 
C’est un texte important, capital même, que nous publions ci-dessous. Il a pour objectif de faire entendre la voix de cette majorité dite "de culture musulmane", qui rejette l’islamisme et revendique la laïcité et l’universalisme. Contrainte au silence par la menace, les pressions, les compromissions, elle veut aujourd’hui réaffirmer son existence et ses convictions auprès des pouvoirs publics, des politiques, de l’opinion. Ce que pensent les personnes qui ont signé et signeront cet appel est aujourd’hui systématiquement nié, non seulement par les islamistes mais aussi par leurs complices conscients ou inconscients. A "Marianne", nous considérons comme nos compagnons de route les plus exposés de ces femmes et de ces hommes de parole. Nous savons que, dans leur sillage, s’inscrit la multitude des âmes libres. A l’heure des tragédies qui menacent nos valeurs, l’écouter constitue une urgence vitale...
 
Nous sommes des citoyens de culture, de tradition ou de confession musulmane ; nous sommes athées, agnostiques ou croyants ; nous sommes d’origine arabe, africaine, perse, berbère, turque ou kurde ; nous sommes des Français, des résidents en France ou des amis de la République vivant à l’étranger.
 
Nous sommes surtout - et avant tout - des démocrates attachés à la laïcité et aux principes de la République.
 
Nous sommes enfin des femmes et des hommes libres, universalistes, amoureux de la France, de sa culture et de ses valeurs.
 
Même s’il n’est pas question pour nous de nous enfermer dans une logique communautaire ni de brandir une quelconque identité singulière, car contrairement aux tenants du communautarisme, de l’uniformisation religieuse et de l’islam politique, nous revendiquons, en premier lieu, notre qualité de citoyennes et de citoyens, nous avons simplement décidé, au regard des événements et du contexte, d’assumer nos responsabilités pour dire notre refus catégorique aux usurpateurs et aux apprentis-sorciers qui s'érigent, en quasi autorité cléricale autoproclamée, et se permettent, depuis plusieurs années, en notre nom aussi, pour les uns, de s’exprimer, de revendiquer, de communiquer et d'agir souvent avec la complicité des pouvoirs publics, et, pour les autres, de menacer, d’intimider, de terroriser et de commettre des crimes. Les premiers et les seconds agissant, avec une rhétorique particulière, « au nom de tous les musulmans ».
 
À ce sujet, nous tenons à rappeler que l’islam – notamment sunnite qui représente l’écrasante majorité – ne reconnaît aucun clergé. De plus, nous trouvons inacceptable que cette instance, appelée CFCM, traversée par des courants vecteurs de l’islam politique et par d’autres, liés à des États étrangers ne respectant pas les principes laïques ni les règles de la démocratie, puisse usurper une « représentation » de « plus de cinq millions de musulmans de France », avec l’accord des pouvoirs publics et ce, depuis plusieurs années. Cette mascarade doit cesser au plus vite, car il n’y a pas cinq millions de personnes qui, en France, se définissent comme des musulmans. L’islam est un choix spirituel personnel et intime. L’islam ne s’hérite pas et ne se lègue pas. Et quand bien même cette instance préfabriquée serait représentative, elle ne peut représenter qu’une minorité incapable de faire passer un message remettant en cause ces dogmes archaïques et parfois violents qui constituent ce que le regretté Abdelwaheb Meddeb appelait « la maladie de l’islam », en l’occurrence l’islam politique... Lire l'intégralité.
 
nous déclarons avec la plus grande gravité, qu’il est vital pour nous citoyens, pour la République, pour la France, que nous soyons lucides, responsables et vigilants à chaque instant !
 
Premiers signataires :
Mohamed Sifaoui, journaliste, président de l’association Onze janvier
Zineb El Rhazoui, journaliste à Charlie Hebdo
Boualem Sansal, écrivain
Djemila Benhabib, journaliste, écrivain
Fethi Benslama, universitaire et psychanalyste
Nadia El Fani, cinéaste
Hocine Drouiche, Dr en Droit musulman, imam et président du conseil des imams du Gard
Chahla Chafiq, écrivaine, sociologue
Hassan Chalghoumi, président de la conférence des imams de France
Marieme Helie Lucas, représentante de Secularism is a women's issue
Moulay Chentouf, Coordonnateur du Parti pour la laïcité et la démocratie en Algérie (PLD)... Voir la liste complète des signataires.