Tribune
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Publié le 5 Juin 2015

BDS : La réaction du gouvernement français et des politiques

Le 1er novembre 2002, des parlementaires français de l'UMP et de l'UDF publièrent un article très fort pour s'opposer au boycott d'Israël, qui ne semble pas avoir été renouvelé depuis

Par Pascal MARKOWICZ
Avocat à la Cour
Membre du Comité Directeur et Vice-Président de la Commission Internationale du CRIF
Président Exécutif du Comité Français de l'Association Internationale des Juristes et Avocats Juifs

 

Le 1er novembre 2002, des parlementaires français de l'UMP et de l'UDF publièrent un article très fort pour s'opposer au boycott d'Israël, qui ne semble pas avoir été renouvelé depuis. :

« Le boycott des produits israéliens et des sociétés accusées de sionisme ou de collaboration avec Israël (dont la liste infâme est désormais publique, comme marquée d'une étoile jaune économique), lancé l'été dernier dans notre pays par des personnalités et des associations diverses, doit faire légitimement réagir.

Peu efficace en général sur le plan économique (on se rappelle des appels infructueux contre Danone), la démarche insidieuse qui consiste à utiliser le boycott au nom des droits de l'homme contre certains secteurs économiques marchands mondiaux n'a pas de sens. Il s'agit en réalité d'un contre effet économique et politique, puisqu'au nom de la solidarité le procédé contribue en fait à augmenter un peu plus les difficultés d'une région du monde déjà parcourue par la violence et le terrorisme, aggravant les conditions de vie économiques de ceux, Israéliens ou Palestiniens, que l'on fait semblant de défendre.

Nous n'aurions pas relevé cette manipulation classique si elle n'était une occasion supplémentaire de conforter des idées racistes et antisémites dont la France ne parvient pas à se débarrasser. On peut ne pas être d'accord avec la politique de l'Etat d'Israël, mais l'amalgame commis entre Sharon, Israël, les juifs et le capitalisme international à des consonances historiques trop fortes pour qu'on le laisse se développer en toute impunité.

Le gouvernement actuel a décidé de réagir contre la dérive raciste et antisémite qui parcourt la France depuis le retour de l'intifada. C'est la raison pour laquelle nous, parlementaires de l'UMP et de l'UDF, demandons avec fermeté au ministre de la justice, garde des Sceaux, d'appliquer la loi française sur la pratique et l'appel au boycott dans toute sa rigueur (article 225-2, 2° du Code pénal, article 23 de la loi du 29 juillet 1881). Nous demandons que la chancellerie déclenche l'action publique auprès des procureurs généraux à rencontre des personnes et associations, quelle que puisse être leur notoriété, à l'origine de ce boycott favorisant la haine : aucune tolérance ne peut être admise contre ceux qui sont les adversaires de la tolérance. » Le Figaro.

A l'Assemblée Nationale, le 20 mai 2009, M. Eric RAOULT, Député UMP de Seine-St-Denis et membre du groupe d'amitié France-Israël, a interrogé la Ministre de la Justice sur le problème du boycott dans les supermarchés.

La Ministre a confirmé dans un courrier du 27 août 2009 puis par une circulaire ministérielle en 2010, qu'elle avait donné des instructions précises au Parquet pour lancer des enquêtes lorsque des cas de boycott seraient portés à sa connaissance.

Hormis les parlementaires du groupe d'amitié France-Israël ou certaines personnalités politiques du PS (M. Georges FRECHE lorsqu'il présidait la Région Languedoc-Roussillon), il n'existe que trop peu de déclarations politiques pour rappeler que le boycott est interdit en France.

Le 8 novembre 2010, Mme Martine AUBRY, Secrétaire Générale du Parti Socialiste, a déclaré:

"J'ai toujours combattu avec la plus grande détermination les tentatives faites par certains de vouloir importer le conflit du Proche-Orient dans notre ville.

C'est pourquoi nous nous opposons à certaines prises de position. Je suis opposée au boycott des produits israéliens, comme des entreprises israéliennes Ceux qui prônent le boycott se trompent de combat: au lieu de porter la paix, ils portent l'intolérance".

Monsieur Dominique SOPO es-qualité de Président de SOS RACISME a également souhaité "faire part de son opinion sur l'appel au boycott":

"...je me suis rendu de nombreuses fois en Israël où j'ai pu me rendre compte de la diversité d'opinion qui règne, notamment, dans les milieux universitaires et culturels... Je pourrai à cet égard citer mes amis...qui œuvrent inlassablement au rapprochement avec les Palestiniens.

La campagne BDS ne s'embarrasse pas de détails. Au vu de sa charte, tout ce qui est israélien et seul ce qui est israélien serait coupable, ce qui donne l'impression que c'est le mot même d'Israël que l'on souhaite bannir sous le prétexte commode de favoriser la paix avec les Palestiniens. Du reste, ce n'est pas parce que les souffrances ne sont pas également partagées entre les deux parties que les torts se situent d'un seul côté, loin s'en faut.

Je ne peux que combattre cette vision frustre, brutale et univoque du conflit israélo-palestinien en ce qu'elle s'apparente davantage à un appel à la haine qu'à la promotion de la paix.

...SOS RACISME condamne sans aucune réserve toutes les formes de discrimination: celle visant un pays dans son ensemble et ses citoyens n'étant pas moins odieuse ou plus acceptable que les autres".

Le Député britannique et ancien Ministre des Affaires Européennes Denis Mac Shane a parfaitement compris l'antisémitisme qui se cache derrière la finalité de la campagne BDS : "Kauf nicht bel Juden - N'achetez pas chez les juifs" - est de retour. L'appel au boycott du commerce juif est une vieille lubie politique de l'Europe. Une fois de plus, alors qu'une avalanche de haine s'abat contre Israël, à droite comme à gauche, des idéologues islamistes aux élites culturelles, on souhaite punir les juifs".

Il est d'ailleurs intéressant de noter que l'un des plus célèbres défenseurs du boycott et de la campagne BDS Stéphane HESSEL, a déclaré le 6 janvier 2011 lors d'une interview à RUE 89: "Il n'y a plus aujourd'hui d'apartheid".

Pour une fois, Stéphane Hessel avait raison car effectivement, il n'y pas d'apartheid en Israël :

-    pas de séparation dans les transports entre les israéliens arabes, juifs, chrétiens, druzes... des partis politiques arabes sont représentés au parlement, il y a des ministres, des soldats, des magistrats, des universitaires de haut rang qui sont arabes...

  • les droits sociaux, civiques et légaux sont identiques pour toutes les composantes de la société civile,

  • un juge arabe israélien a condamné le Président Moché Katsav pour viol sans que sa décision ait été contestée,

  • le premier vice-ministre du Premier ministre Ehud Olmert était un arabe israélien qui, protocolairement, avait la capacité juridique d'engager les forces armées dans une guerre en cas d'absence du Premier ministre.

Ces exemples sont contraires à la définition d'un Etat appliquant l'apartheid.

Les partis politiques d'extrême-gauche (NPA, LCR, PCF) et Les Verts, qui représentent toutefois un nombre considérable d'électeurs et ont une influence non-négligeable auprès de certaines tranches de la population, se déclarent ouvertement favorable au boycott bien que cela soit contraire à la loi.

Pour la première fois, en Avril 2014 lors d'une manifestation organisée par le CRIF, un Premier ministre français, Manuel Valls, a déclaré que l'antisionisme était le nouvel antisémitisme. Cette déclaration de principe était très importante mais elle n'est que symbolique car, dans les faits, l'antisionisme continue de faire des ravages et à développer l'antisémitisme, par le biais des multiples manifestations pro-palestiniennes : « Mort aux Juifs » scandés en Juillet 2014 lors de manifestations pendant l'opération Bordure Protectrice avec volonté de saccager les magasins juifs du Marais, actions BDS