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Telle fut l’ambiance et cette ambiance est abondamment décrite dans la presse israélienne et internationale de ce matin.
« Nous avons assassiné Rabin, nous assassinerons aussi Sharon », pouvait-on lire sur un slogan inscrit sur un mur, rapporte l’agence Reuters. Ce même slogan était clamé par des durs, hier, avant le vote de la Knesset, comme le raconte le correspondant de Libération en Israël, Jean-Luc Allouche (27.10.04). Et, parmi les pancartes brandies par les manifestants, témoigne Le Figaro (27.10.04), certaines appelaient même les soldats à « désobéir aux ordres d'évacuation » des colons. « Quand on pousse les gens dans leur dernier retranchement ; il est difficile de prédire la manière dont ils vont réagir », expliquait un des manifestants. La plupart d’entre eux se contentaient cependant de participer aux séances de prière collective dirigées par l'ex-grand rabbin d'Israël Avraham Shapira afin d'« implorer D.ieu de contrer ceux qui veulent brader notre terre sacrée ». « En d'autres circonstances, j'aurais peut-être accepté que l'on se retire de Gaza après des discussions de paix, mais pas en pleine Intifada. Et certainement pas tant que Yasser Arafat restera au pouvoir chez les Palestiniens. En quittant ce territoire de la manière dont Sharon l'envisage, notre pays se donne la posture d'un vaincu. Il se fait mal à lui-même et je trouve que c'est bien dommage », explique à un journaliste, l’un des participants de la manifestation.
On peut comprendre en effet que des milliers d’Israéliens aient voulu exprimer leur incompréhension et leur douleur, parce qu’ils n’envisagent pas qu’un tel retrait soit possible et qu’ils considèrent « comme une trahison du père » que sa formulation émane de celui-là même qui défendit corps et âme ceux et celles qui voulaient vivre dans les Territoires.
Ceci étant, doit-on pour autant tolérer ou excuser, ceux et celles qui scanderaient des slogans enflammés ? Ceux et celles qui menaceraient de mort Ariel Sharon ? Ceux et celles qui appelleraient à la désobéissance civile ? Ceux et celles, qui in fine, voudraient fouler aux pieds les fondements de la démocratie israélienne ?
« Je ne permettrai pas que le Conseil des localités juives de Judée-Samarie et de la bande de Gaza dirige le Likoud, l'extrême droite ne décidera pas du sort du pays », répond en substance le Premier ministre.
Le courage et la clairvoyance en politique imposent de considérer ce qui est : « Nous ne pouvons régner éternellement sur des millions de Palestiniens, qui, à chaque génération, doublent en nombre (…) Ce n’est pas uniquement par le glaive que nous réussirons notre entreprise », a ajouté le Premier ministre, lors des débats.
C’est là une réalité non virtuelle, mais bien géopolitique. Israël doit aspirer à la paix et la réaliser et s’intégrer ainsi dans un environnement régional profondément hostile, au prix de concessions certes douloureuses, mais ô combien inévitables.
Et la majorité des Israéliens ont compris qu’il devait en être ainsi puisqu’un sondage publié mardi 26 octobre par le quotidien Yedioth Ahronoth, révèle que 65% des Israéliens sont favorables au « désengagement », contre 26% qui s'y opposent.
Pour résumer, nous rappellerons cette autre évidence. Un ancien père bâtisseur et fondateur de l’Etat d’Israël, David Ben Gourion, résuma à lui tout seul, toute l’éthique d’Israël et la justesse de ce propos : « Il vaut mieux un petit chez soi qu’un grand chez les autres. »