Tribune
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Publié le 9 Février 2015

« Juifs de France »: notre hors série est parfaitement justifié et pertinent

« Vous trouvez que cette photo évoque le ghetto, je considère qu'elle illustre la République »
 

Par Christophe Barbier, Rédacteur en chef, publié dans l’Express le 8 février 2015
J'ai bien reçu votre lettre et vous remercie de l'attention que vous avez portée au numéro 28 de notre collection "Regards sur l'Histoire", consacré, en effet, aux "Juifs de France". Comme l'indique son nom, cette série retrace la présence dans L'Express, au fil de soixante années, de grands sujets d'actualité, en apportant aussi une vision historiographique. C'est pourquoi l'intitulé "Juifs de France", que nous avons retenu après une longue discussion éditoriale, est parfaitement justifié et pertinent. 
En effet, nous parlons dans ces pages des Français de confession juive, mais aussi d'habitants de la France qui n'étaient pas reconnus citoyens de plein droit du fait de leur religion, jusqu'en 1791, ainsi que des populations juives installées en Algérie et qui ont dû attendre le décret Crémieux de 1870 pour obtenir la citoyenneté française : c'est donc bien "Juifs de France" qu'il faut dire pour embrasser, et toute la période historique, et toutes les personnes concernées. Nous évoquons aussi les étrangers, juifs, qui sont venus vivre, voire se réfugier, en France et qui ont été abandonnés ou trahis, souvent livrés aux nazis par l'Etat français, ou au contraire aidés par la population. Ceux-là n'étaient pas français, mais considéraient qu'en France, patrie des Lumières, rien ne pouvait leur arriver: leur destin a donc bien été celui de "Juifs de France venus d'ailleurs". 
Double attachement
Enfin, nous voyons, à travers des articles aux dates parfois très éloignées les unes des autres, comment s'est développée la relation entre les Français juifs et Israël, nourrissant divers débats sur la double nationalité et, plus récents encore, sur l'alyah. Etre français et israélien a un sens très fort pour de nombreux citoyens, sans que ces deux nationalités puissent toujours être, en leur esprit, hiérarchisées.
Ce double attachement est illustré sur la couverture de notre hors série par la présence des deux drapeaux, français et israélien, et non d'un seul comme vous semblez le dire. La jeune fille au premier plan brandit un drapeau avec l'étoile de David et, juste derrière elle, un autre manifestant agite l'étendard tricolore. L'un derrière l'autre, l'autre derrière l'un, l'un à côté de l'autre: c'est bien là une image qui résume, depuis 1947, les relations passionnelles entre Israël et la France. Vous trouvez que cette photo évoque le ghetto, je considère qu'elle illustre la République… Lire l’intégralité