Lu dans la presse
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Publié le 6 Mars 2020

France / Terrorisme - Affaire Harpon: la commission dénonce «une faille majeure»

Pour les députés, un «manque de vigilance» explique l’attentat perpétré en octobre par l’agent de la préfecture de police de Paris.

Publié le 5 mars 2020 sur le site du Figaro

«Défaillance collective, faille majeure, dysfonctionnement grave…». Cinq mois après les faits, l’Assemblée nationale est revenue, jeudi, sur le séisme de l’attentat perpétré par Mickaël Harpon. Le 3 octobre 2019, à la préfecture de police de Paris, ce membre d’un service de renseignement habilité défense avait tué au couteau quatre de ses collègues avant d’être abattu. Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, était la dernière personne entendue par la commission d’enquête créée à l’initiative des Républicains. Un exercice démocratique et apaisé qui a souligné la gravité des deux problèmes posés par cet attentat. Celui, essentiel, d’une détection défaillante. Mais aussi celui du parcours d’un homme au profil hybride, fragile psychologiquement et évoluant dans une sorte «d’infra-islamisme» au contact d’individus proches de la mouvance salafiste sans être des cibles prioritaires des services de renseignement.

Sur la question de la détection de Harpon, le président LR de la commission, Éric Ciotti, a souligné en introduction le «sentiment de sidération» de la commission face à «l’addition répétée dans le temps de signaux qu’on peut individuellement qualifier de faibles mais qui ont convergé» et qui aurait dû entraîner son éviction de la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP): «conversion suite à son mariage et évolution de son comportement vers une pratique plus rigoureuse de la religion ; approbation en 2015 de l’attentat de Charlie Hebdo ; fréquentation d’une mosquée avec un imam fiché S…».

Éric Ciotti a rappelé le témoignage d’un collègue du futur terroriste: «Nous n’avions pas d’inquiétude physique mais en revanche, nous avions peur, compte tenu de sa vulnérabilité, que certains l’utilisent pour capter des données informatiques.» Florent Boudié, rapporteur LREM de la commission, est tout aussi sévère, évoquant une «faille majeure», un «manque de vigilance» en interne d’un service de renseignement où régnait un «état d’esprit quasi familial» et une «forme d’autoprotection, d’autocécité». Et le président Ciotti de souligner que «Mickaël Harpon n’avait rien à faire dans un service aussi sensible». En réponse, Christophe Castaner, qui au passage rejette l’idée d’un rattachement de la DRPP à la DGSI, ne s’est pas défaussé en soulignant que «toute attaque est un échec» et que la non-détection constituait une «faille grave» et avait entraîné un renforcement de la vigilance et de la détection de la radicalisation(lire l’encadré ci-dessous).

Mosquée salafiste

Christophe Castaner a affirmé que cette mosquée de Gonesse «n’avait jamais été considérée comme une mosquée salafiste» par les services de renseignement et que l’imam en question n’était en rien concerné par l’enquête judiciaire. Député du Val-d’Oise, François Pupponi a pour sa part indiqué «qu’en commission d’enquête il nous a été dit que le renseignement territorial l’avait identifié comme un imam posant un problème, proche de la mouvance salafiste, qu’il était fiché S…» Et de poser le «problème de la définition de ce qu’est une mosquée salafiste»…

Sur les influences présumées de Mickaël Harpon, et en l’occurrence sur celle d’un imam de Gonesse (Val-d’Oise), dont Harpon fréquentait la mosquée, le ministre de l’Intérieur a, en revanche, contredit les députés. Éric Ciotti avait souligné que cet imam marocain fiché S «n’avait rien à faire sur le territoire national».