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Publié le 23 Juillet 2024

Le Crif en action - Commémoration de la rafle du Vél d’Hiv à Strasbourg

Les 82 ans de la rafle du Vél d’Hiv après le 7 octobre et le retour de la peste antisémite. Le 21 juillet 2024 à 10 heures du matin, 82 ans après la rafle du Vél d’Hiv des 16 juillet et 17 juillet 1942, de nombreuses personnes sont venues rendre hommage à la mémoire des Juifs déportés par la police de Vichy et aux Justes de France.

82 ans après la rafle du Vél d’Hiv, de nombreuses personnes se sont réunies à Strasbourg pour rendre hommage à la mémoire des Juifs déportés et aux Justes de France. L’émotion était palpable.

Pierre Haas, Président du Crif Alsace salue l'assemblée avec gravité. Puis Sophie Cohen-Elbaz, vice-présidente, commence son allocution en lisant un extrait de la circulaire n° 173-42 de la Préfecture de Police de Paris ordonnant aux commissaires l’abominable rafle, étendue aux enfants sur proposition française, en étroite complicité avec la machine industrielle génocidaire nazie… « Aucun allemand n’a participé à cette opération qui touchera aussi bien les Juifs étrangers, que les Juifs français » rappelle-t-elle… Il faut lire entre les lignes de la circulaire du 13 juillet 1942 pour voir derrière cette mécanique administrative parfaitement orchestrée, la haine implacable et la face noire d’un État qui s’est perdu en dehors de la République.

Au petit matin, 13 152 Juifs dont 5 919 femmes et 4 115 enfants sont arrêtés par les autorités pour être envoyés à Auschwitz pour y être assassinés après être détenus majoritairement au Vélodrome d’Hiver (mais aussi dans d’autres camps), dans des conditions d’hygiène déplorables et presque sans nourriture, ni eau, pendant cinq jours.

« Nous commémorons, ainsi tout à la fois, énonce-t-elle, ce qu’il y a eu de pire à l’échelle de l’État et ce qu’il y a eu de meilleur à l’échelle de l‘homme… Car s’il fut des hommes et des femmes pour accomplir au nom de la France l’irréparable, il fut des hommes et des femmes pour refuser de se plier à la volonté exterminatrice… Ces justes qui ont tendu la main, sont aussi le visage de la France. Ils sont l’honneur de cette nation… »

La peste antisémite est de retour, clame-t-elle. « Oui, l’État peut basculer lorsqu’il tourne le dos à la République, lorsqu’il s’éloigne du socle républicain, de ses valeurs et de ses principes fondamentaux…

Trois mots de la devise républicaine :

Liberté – Égalité – Fraternité... sont à répéter en résonnance à cette circulaire du 13 juillet 1942, à l’heure où la face noire de l’antisémitisme ressurgit, à l’heure où la République est en danger, trois mots dont on veut croire qu’ils font le vrai visage de la France. Trois mots à répéter en se souvenant que nous sommes toujours l’autre de quelqu’un.

Plus que le dépôt d’une gerbe de fleurs. Donnons un sens à ces mots. Car nous sommes les gardiens de nos frères. », conclut-elle.

 

 

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Le Grand Rabbin du Bas-Rhin, Abraham Weill, partage ce constat en rappelant l’histoire trimillénaire du peuple juif et la perpétuation des valeurs humanistes, fondement de la République. Pour lui, cette cérémonie doit résonner comme un coup de semonce dans ce paysage gangréné par la haine et qui a vu le nombre d’actes antisémites exploser.

Samuel Bouju, sous-préfet représentant la Préfète lit le message de Patricia Mirallès, Secrétaire d’État chargée des Anciens combattants et de la mémoire, qui souligne la totale responsabilité de l’État français durant l’occupation nazie à l’égard des Juifs de France et étrangers et rend hommage aux Justes.

La cérémonie s’est déroulée sur l’allée des Justes, lieu de l’ancienne grande synagogue de Strasbourg, brûlée et détruite durant l’occupation. Les prises de paroles sont entrecoupées par la prière El Rahamim, chanté par Abraham Meyer, aumônier militaire, puis par le Chant des marais, entonné par Isaac Ouaknine, ministre officiant de la grande Synagogue, et repris par l’assistance.

En clôture, la prière du Kaddish déclamée par l’aumônier militaire émeut l’assistance avant la minute de silence et les dépôts de gerbe devant la stèle dédiée aux victimes.

 

Claudine Grauzam, Membre du Comité directeur du Crif Alsace.

 

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