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Plus de 300 personnes se sont réunies lundi 24 avril 2023 devant l’ancien Hôtel de police de Strasbourg, rue de la Nuée Bleue, pour une cérémonie de pose de pavé de mémoire – Stolpersteine – à la mémoire d’Alfred Thimmesch. Première du genre en France pour la mémoire d’un Juste parmi les Nations qui a été reconnu comme tel par l’Institut Yad Vashem de Jérusalem en 2009.
Les membres de la famille d’Alfred Thimmesch venus nombreux de France, de Genève, de Bruxelles, du Luxembourg et d’Allemagne, enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants étaient présents.
Le lieu choisi pour la pose de ce Stolpersteine n’est pas anodin. C’est dans ce bâtiment, alors Hôtel de police de Strasbourg, qu’Alfred Thimmesch avait entamé sa carrière de policier.
Entré dans la police en 1923, évacué avec sa famille d’Alsace-Lorraine vers le centre de la France comme la grande majorité des alsaciens, il a occupé la fonction de secrétaire de police à Périgueux en Dordogne puis à Voiron en Isère à partir de mars 1942. Après la signature du cessez-le-feu entre la France et l’Allemagne, motivé par son patriotisme, il refusa de retourner à Strasbourg, annexée à l’Allemagne et « nazifiée ». Entré dans l’armée secrète, il devient responsable pour Voiron du groupe « Police » au sein du mouvement de résistance du Noyautage des Administrations Publiques (NAP). Très actif également au sein des Mouvements Unis de Résistance (MUR), il donnait systématiquement des informations sur les rafles anti-juives, et prévenaient les familles sur le point d’être arrêtées en leur fournissant de faux papiers d’identité et des certificats de résidence, de 1942 jusqu’à son arrestation le 15 février 1944 sur dénonciation d’un collègue qui faisait partie de la Milice.
D’abord emprisonné à Grenoble puis interné au Fort de Montluc à Lyon, il fut soumis à de violents interrogatoires par la Gestapo... Transféré à Compiègne-Royallieu le 13 mars, il fut finalement déporté par le convoi du 6 avril vers le camp de concentration de Mauthausen où il fut assassiné le 8 juillet de la même année.
Cette cérémonie a permis de rappeler à tous, jeunes et moins jeunes, le devoir impérieux de nous souvenir, le devoir de mémoire, par l'hommage à un homme courageux, un Juste qui a combattu pour défendre les valeurs républicaines et les Juifs persécutés. Ce projet de Stolpersteine est porteur de sens, en évoquant les victimes de la barbarie nazie dans le quotidien des villes.
Le Crif Alsace était représenté par son bureau à cette importante manifestation, organisée par l’un de ses membres.
Richard Aboaf, Président de l'Association Stolpersteine 67 –Membre du bureau du Crif