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La grosse trentaine de députés PC, LFI et Verts qui en sont les signataires n'ont depuis une semaine trouvé que peu de voix sérieuses pour défendre leur outrance. En dépassant la critique ordinaire de la politique de l'Etat d'Israël, ils ont révélé, malgré leur dénégation, un fantasme conscient ou non : celui de la délégitimation puis en toute logique de la disparition de l'Etat d'Israël, ou du moins d'Israël comme Etat juif.
Comme l'antisémitisme d'Etat soviétique tentait de se cacher derrière un hostilité affichée à Israël et au sionisme, les auteurs de ce texte qui en sont les héritiers politiques ne peuvent ignorer à quel point il touche, dans ses intentions, aux aspirations profondes des Français juifs. La virulence des propos de cette résolution n'a qu'un effet, si ce n'est un objectif : souffler sur les braises de tous ceux qui se réclament d'un lien à Israël et désigner ainsi les Juifs à l'hostilité de ses partisans.
Dans la société civile, au-delà des institutions juives qui ont exprimé une légitime colère et indignation, des marques d'engagement se sont exprimées comme à la LICRA ou au sein des Amitiés judéo-chrétiennes. Une pétition populaire circule. Ces expressions doivent se multiplier.
Cette résolution a suscité de nombreuses réactions de responsables politiques de l'ensemble de l'arc républicain, à gauche comme à droite. Des voix se sont élevées contre ce texte chez Renaissance, à l'UDI, chez LR, au PS, aussi bien à l'Assemblée, au Sénat que parmi les autres dirigeants politiques. Au PS, les 2 députés initialement signataires du texte ont finalement retiré leur soutien mais nous attendons des dirigeants du parti au plus haut niveau qu'ils se positionnent avec clarté. Au Parti communiste même, le débat fait désormais rage : nous espérons qu'il amènera à un retour à la raison et au retrait du texte ou de certains de ses signataires, faute de quoi cette infamie poursuivra le PC dans son histoire, comme il va marquer l'histoire plus récente de LFI.
Le débat ne fait que commencer. Souhaitons donc que cette proposition marque le temps de la clarification et permette la réaffirmation la plus large possible d'un principe : la lutte contre l'antisémitisme est au coeur du projet républicain. La marginaliser, c'est affaiblir tout l'édifice démocratique.
Alors que nous entrons dans la traditionnelle période de torpeur politique estivale, gardons en tête que si nos ennemis politiques parlent fort, ils n'entament ni la justesse de notre combat ni la lucidité de la majorité de notre pays.
Le combat continue.
Bonnes vacances à tous.
Yonathan Arfi, Président du Crif