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Par Marie-Sarah Seeberger
Nous avons rencontré Elena et Andreï à l’occasion du Michté de Pourim organisé par le Fonds social juif unifié (FSJU). En usant de quelques mimes maladroits et de beaucoup de bonne volonté, nous avons réussi à communiquer et à se souhaiter une bonne fête.
Quelques jours plus tard, nous les retrouvons dans un quartier du sud de Paris où ils vivent depuis qu’ils sont arrivés à Paris.
Elena et Andreï viennent de Mykolaïv, près d’Odessa, en Ukraine, où ils vivent avec leur fille de 16 ans, Katya.
Le 24 février dernier, ils sont réveillés par des bruits de roquettes. Ils n’y croient pas. Elena pense d’abord qu’il s’agit d’un problème à l’aéroport proche de chez eux. Très vite, elle se rend à l’évidence : c’est la guerre.
Le lendemain matin, le couple et Katya rassemblent leurs affaires et préparent la voiture : tout est prêt pour le départ. « Nous ne savions pas vers où aller, alors on a roulé, on a juste roulé… » raconte Elena les yeux dans le vide. « Nous voulions partir avec ma mère mais elle était trop fragile pour un tel périple… » ajoute-t-elle, très émue.
Très vite, ils sont bloqués sur la route. Ils passent 24 heures dans la voiture, à attendre que la route se dégage. Finalement, Andreï décide d’aller voir à pieds ce qui se passe et essayer d’évaluer le temps d’attente. « On en avait pour 2 ou 3 jours si on restait là » tranche-t-il.
La famille fait alors demi-tour et arrive à Odessa où elle est prise en charge par l’Agence juive qui la conduit en une heure à peine à la frontière moldave. L’accueil y est très chaleureux. On leur offre de la nourriture et on leur propose un logement gratuitement. « Tout le monde a aidé, pas seulement les Juifs, tout le monde » souligne Elena.
Des bus affrétés par l’Agence juive les attendent. Direction : Paris. « Cela nous paraissait absolument impensable de s’imaginer à Paris dans quelques heures » s’exclame le couple à l’unisson. Ils arrivent à l’aéroport de Bucarest et s’envolent pour Paris. « Tout était organisé, nous n’y croyions pas ».
Une fois à Paris, ils sont pris en charge par le Fonds social juif unifié et les associations juives partenaires. Le Casip-Cojasor les accueille dans un hôtel dans lequel ils restent quelques jours avant d’emménager dans un appartement du même quartier. Depuis, ils y logent avec Katya.
« Ce n’est pas très grand, mais parfaitement équipé » détaille Elena. « Quand nous sommes arrivés, nous avons reçu un panier avec tout le nécessaire – produits d’hygiène, cartes SIM, nourriture. C’était très appréciable. » précise-t-elle.
Ils participent aux activités du Beth Habad organisées pour les juifs ukrainiens réfugiés à Paris et leur sont très reconnaissants.
Elena et Andreï rencontrent quelques difficultés à Paris liées à la barrière de la langue mais espèrent pouvoir apprendre un peu le français, « une langue si belle, qui chante » sourit Elena. Pour l’instant, Andreï utilise Google Translate pour toutes les activités du quotidien.
La situation est difficile pour Katya. Heureusement, elle a pu rencontrer d’autres jeunes de son âge, notamment lors des sorties proposées par le Beth Habad et à l’occasion du Michte de Pourim. Le lendemain de notre visite, Katya a rendez-vous dans sa nouvelle école.
Elena et Andreï nous parlent bien-sûr de Revital (ndlr. : Revital travaille au Casip-Cojasor est en charge de toute l’intendance pour les juifs ukrainiens hébérgés dans cet hôtel du sud de Paris) : « Elle nous a aidé pour tout, nuit et jour, depuis que nous sommes là. Elle a été incroyable. » Le couple est extrêmement reconnaissant envers toutes les associations qui les accompagnent dans ce quotidien de transition.
Quelque part, nous confient-ils, ils n’en reviennent toujours pas.
Nous adressons nos remerciements à Katya et Edgar pour leur présence et leur traduction.
Elena et Andreï ©CRIF
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