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Publié le 14 octobre dans France Inter
Les messages sur Twitter et sous différents pseudos diffusés par Abdullakh Anzorov, l'assassin de Samuel Paty abattu par les policiers des Yvelines, avaient été signalés à plusieurs reprises sur la plateforme Pharos du ministère de l'Intérieur. Les premiers messages menaçant remontent trois mois avant l'attentat. Pourtant, leur traitement n'avait pas donné lieu à une identification plus approfondie et à des vérifications sur le terrain par un service de renseignement ou de police.
Aujourd'hui, 54 agents issus de la police mais aussi de la gendarmerie travaillent pour la plateforme Pharos. Tous sont installés dans un openspace en forme de grappe, tous derrière des dizaines d'écrans sept jours sur sept, jour et nuit désormais. Ils traitent des signalements liés à des contenus à caractère pédopornographique, escroqueries, incitation à la haine, discrimination et donc terroriste.
Une hause de 219 %
Après une vague de signalements post attentat, "c'est quelque peu retombé", explique Cécile Augeraud, la cheffe de l'office central de lutte contre la cybercriminalité auquel Pharos est rattaché au siège de la direction centrale de la police judiciaire à Nanterre (Hauts-de-Seine).
Aujourd'hui, ce sont les enquêteurs de Pharos eux-mêmes et des ONG spécialisées qui détectent l'essentiel des menaces sur internet. Depuis le début de l’année, ils ont déjà effectué 9720 demandes de retrait de contenus en lien avec le terrorisme auprès des grandes plateformes d'internet comme Facebook et Twitter.
"C'est une hausse de 219 %", précise Cécile Augeraud, par rapport à la même période l'année dernière. "Il faut savoir que les opérateurs s'exécutent quasi systématiquement", confie un enquêteur. Ce sera d'ailleurs obligatoirement en moins d'une heure d'ici l'été prochain, selon la nouvelle loi européenne.
Des attentats déjoués grâce à Pharos ?
À chaque fois qu'un profil suspect est repéré, il est transmis à une nouvelle cellule spéciale à la DGSI, la direction générale de la sécurité intérieure. Il y a "des cas chaque jour" disent les enquêteurs que nous avons rencontré à Pharos.
Selon nos informations, cela n'a pas permis de déjouer un attentat en France mais les milliers de signalements transmis depuis un an à la DGSI ont permis d'identifier des hommes ou des femmes nécessitant une surveillance et d'apporter des éléments supplémentaires sur des profils déjà connus des services de renseignement.
En quittant la plateforme Pharos, Pierre, l'un des enquêteurs du pôle judiciaire de Pharos souhaite juste redire à quel point il faut signaler le moindre contenu suspect mais qu'il ne faut surtout pas le partager comme cela arrive encore trop souvent. Pierre confie également que toutes les plateformes sont encore aujourd'hui le vecteur d'images très violentes jusqu'à des scènes de décapitation.