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Publié le 7 octobre dans Le Monde
Près de deux tiers des messages de haine en ligne signalés dans l’Union européenne (UE) aux plates-formes sont supprimés, selon une évaluation jeudi 7 octobre de la Commission européenne portant sur mars-avril qui montre une baisse des messages signalés par rapport aux deux dernières années.
Ce rapport concerne Facebook, YouTube, Twitter, Instagram, Jeuxvideo.com, TikTok, tous signataires du code de conduite de l’UE visant à combattre les discours de haine illégaux en ligne, lancé en 2016.
Selon cette sixième évaluation, les plates-formes ont retiré en moyenne 62,5 % des contenus signalés par 35 organisations de lutte contre les discriminations de 22 Etats membres entre le 1er mars et le 14 avril. Ce taux est inférieur aux 71 % enregistrés en moyenne sur une même période de six semaines en 2019 comme en 2020.
Si elle a diminué sur Facebook et YouTube, cette proportion a toutefois augmenté sur Twitter et Instagram. TikTok, qui était évalué pour la première fois, a retiré 80 % des contenus signalés. Les discours de haine basés sur l’orientation sexuelle et la xénophobie sont les plus fréquemment cités.
Les entreprises se sont engagées dans le code de conduite à examiner la majorité des demandes de suppression en moins de vingt-quatre heures. Le taux d’examen des signalements dans ce délai demeure élevé (81 %), mais il a aussi baissé par rapport à 2020 (90 %).
« Nous devons encore faire des progrès »
Au total, quelque 4 500 signalements ont été transmis aux plates-formes, Facebook en tête, puis Twitter, YouTube, Instagram, Jeuxvideo.com et TikTok. Snapchat, Dailymotion et Microsoft, également signataires du code de conduite, n’ont pas reçu de telles demandes pendant la période d’évaluation.
Le maintien en ligne des messages contestés est parfois dû à une divergence d’appréciation entre l’organisation faisant le signalement et la plate-forme, qui évalue le caractère licite du contenu au regard de ses règles internes et des lois nationales.
Ce code, qui a été rejoint en juin par LinkedIn, repose sur une démarche volontaire, mais l’UE prépare actuellement une vaste régulation des géants du numérique.
« Nous devons encore faire des progrès, en adoptant le DSA [Digital Services Act], pour s’assurer qu’il est possible de combattre la haine en ligne dans toute l’UE », a déclaré le commissaire européen à la justice? Didier Reynders? en arrivant à une réunion ministérielle au Luxembourg. Ce projet de régulation est aussi conforté, selon Bruxelles, par les récentes révélations de la lanceuse d’alerte de Facebook Frances Haugen.
« Nous devons fixer des règles et faire en sorte que les plates-formes rendent davantage de comptes, ne pas seulement compter sur des programmes volontaires », a tweeté mercredi la vice-présidente de la Commission européenne, Vera Jourova, chargée des valeurs et de la transparence, après s’être entretenue avec Frances Haugen. « Il est temps pour le monde numérique de respecter les valeurs européennes », a-t-elle ajouté.