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Publié le 23 septembre dans Le Parisien
Des néonazis, des ultra-complotistes, un ancien jeune frontiste, des détenus… L’enquête sur le réseau criminel soupçonné de préparer un attentat contre de multiples cibles, politique, sanitaire et institutionnelles, livre une mosaïque des courants de l’ultra-droite. Selon des sources concordantes, cinq hommes âgés de 23 à 58 ans ont été interpellés mardi matin par les enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) sur commission rogatoire du juge antiterroriste chargé du dossier « Honneur & Nation ». Soit le nom de ce groupuscule ultra-nationaliste dont trois membres adorateurs d’Hitler ont été mis en examen en mai alors qu’ils préparaient une action violente à l’explosif. Ils avaient notamment effectué des recherches sur le ministre de la Santé, Olivier Véran, des centres de vaccination et une loge maçonnique en Moselle.
Le nouveau coup de filet a été mené dans les Hauts-de-Seine, la Nièvre, la Charente-Maritime et dans deux prisons, où deux suspects étaient déjà détenus. Parmi eux figurent le fondateur en personne de « Honneur & Nation » : Sébastien Dudognon, 29 ans, ancien secrétaire départemental du Front national de la jeunesse (FNJ, devenu Génération nation) de la Corrèze. Ce dernier avait été condamné en 2018 à trois mois de prison avec sursis après avoir publié sur Facebook une photo d’une femme blonde violée par un migrant.
Des liens apparaissent avec Rémy Daillet, gourou complotiste influent
Il avait également défrayé la chronique en voulant ouvrir un local « de la résistance » à Tulle pour ses activités militantes haineuses. Selon les textes de « Honneur & Nation », le groupuscule vise à lutter pour « la sauvegarde du patrimoine et des traditions face à la mondialisation et le capitalisme ». Mais il ne s’agirait que d’une couverture en vue d’actions violentes. Lors des perquisitions en mai, un exemplaire de « Mein Kampf » et un t-shirt à l’effigie d’Hitler avaient été découverts chez certains membres, ainsi que des armes légalement détenues.
Les autres hommes interpellés ne sont pas tous membres de la mouvance néonazie mais certains font partie de cette nébuleuse complotiste française inspirée du mouvement Qanon aux États-Unis, convaincue que l’État et les élites se livrent à des activités occultes sur le corps des citoyens et enlèvent des enfants pour les donner à des réseaux pédophiles. Signe de la porosité des milieux d’ultra-droite.
Selon nos informations, deux d’entre eux avaient déjà été mis en examen en mai pour avoir participé à l’enlèvement de la petite Mia, une fillette de 9 ans dans les Vosges qui s’apprêtait à être placée chez sa grand-mère. Il s’agit de Sylvain P., un pianiste parisien de 58 ans, et Clément R., un jeune homme de 23 ans bénéficiaire de l’allocation adulte handicapé et autrefois domicilié chez ses parents en Seine-et-Marne. Tous deux membres du commando, ils ont été extraits de leur cellule mardi matin pour être entendus par les policiers de la DGSI sur ces projets terroristes à l’explosif.
L’enquête avait initialement été ouverte par le parquet national antiterroriste (PNAT) avant le rapt de la fillette mais les enquêteurs ne s’attendaient pas à ce que certains suspects renoncent aux attaques institutionnelles pour cette mission de dernière minute dans les Vosges. Dans le cadre du volet terroriste comme celui de l’enlèvement de Mia, des liens apparaissent avec Rémy Daillet, ancien cadre du MoDem et gourou complotiste influent. Les gardes à vue des cinq suspects, tous soupçonnés d’avoir voulu participer à ces attaques terroristes pour « renverser les institutions », s’achèvent vendredi.