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Publié le 14 juin dans RFI
Le premier livre est intitulé Les Juifs d’Égypte au XXe siècle. Comment ils ont vécu et pourquoi ils sont partis ?. Son auteur est le penseur laïc Mohamad Aboulghar qui indique avoir écrit son livre pour souligner l’importance de la citoyenneté et du vivre ensemble.
En plus des recherches dans les archives civiles et religieuses de la communauté juive d’Égypte, Mohamad Aboulghar a réalisé une série d’interviews avec des membres de la diaspora de la Vallée du Nil en Occident. Selon lui, les juifs d’Égypte sont restés nostalgiques d’un pays que certains considèrent toujours comme le leur.
L’autre livre, ce sont les mémoires d’Albert Arie, ce juif égyptien décédé il y a quelques mois à l’âge de 90 ans. Arie a fait onze ans de prison sous Nasser pour « marxisme ». Le fait qu’il soit un militant antisioniste n’a pas été considéré comme circonstance atténuante. Ces dernières années Arie était considéré par les médias égyptiens comme un sage, ami des plus défavorisés.
« Une reconnaissance du rôle important de la communauté dans l’Histoire de l’Égypte moderne »
Mais l’édition n’est pas le seul signe du changement de la manière de percevoir les Juifs en Égypte. L’année dernière la grande synagogue Eliyahou Hanavi d’Alexandrie était inaugurée en grande pompe après sa restauration par le gouvernement égyptien. Un geste que les juifs égyptiens et ceux de la diaspora ont considéré comme « une reconnaissance du rôle important de la communauté dans l’Histoire de l’Égypte moderne ».
Cette communauté de 80 000 âmes a pâti de la création d’Israël en 1948. Du fait des brimades sociales et des agressions contre leurs biens, ils ont commencé à quitter le pays par milliers. En 1956, 30 000 juifs d’Égypte ont été expulsés par Nasser après la confiscation de leurs biens. C’était au lendemain de l’intervention militaire israélo-franco-anglaise sur le canal de Suez. Les États-Unis et surtout la France, car la plupart des juifs d’Égypte étaient francophones, ont été leurs destinations de prédilection. Peu ont émigré en Israël.
La représentation des juifs d'Égypte revient de loin. Dans les années soixante, il y avait encore des placards de propagande. Presque une réédition de celle des nazis : nez crochus, mains griffues et regard démoniaque. En 2002 un feuilleton inspiré des Protocoles des sages de Sion, un brûlot tsariste antisémite, a été diffusé sur la télévision égyptienne.
Plus récemment, en 2010, Mohamed Morsi, chef du parti Liberté et justice des Frères musulmans et qui allait devenir en 2012 « le premier président démocratiquement élu » d’Égypte déclarait : « Les juifs sont les descendants des singes et des cochons ».
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