- English
- Français
Publié le 14 avril dans Dernières Nouvelles d'Alsace
Jürg et Esther Peter, de Volgelsheim, ont organisé de leur propre initiative un moment souvenir, vendredi 9 avril à la gare de Volgelsheim (soit le 27 du mois de Nisan), le jour même de la commémoration juive de la Shoah. Cette commémoration s'est déroulée sous forme de lecture des noms des personnes qui ont été conduites au camp de Gurs avant d'être transférés à Drancy puis Auschwitz.
Le plus grand camp de concentration du sud de la France
Gurs, dans les Pyrénées non loin d'Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques), fut un camp d'internement d'abord pour des républicains espagnols, des juifs français et badois, des Français militants communistes. C'était le plus grand camp français de 1939 à 1945. Plus de 60 000 personnes y ont été internées.
Grâce à Jobst Bittner, de l'association Marche de Vie, en Allemagne, Esther et Jürg Peter ont pu remonter le fil de cette tragique histoire, sur laquelle une chape de plomb et de silence s'était abattue depuis quatre-vingts ans entre bourreaux et victimes.
Sur cette voie ferrée, dès octobre 1940, ont circulé des wagons à bestiaux transportant 5 600 personnes en provenance du Bade-Wurtemberg, du Palatinat, ainsi que des Alsaciens.
« Une déclaration d'amitié et de soutien aux juifs»
Vendredi dernier, l'hommage à la mémoire des victimes de la Shoah a été introduit par une déclaration commune lue dans tous les lieux de commémoration, par Esther et Jürg : « Ensemble pour un meilleur avenir sans antisémitisme et sans haine des juifs, une déclaration d'amitié et de soutien aux juifs. »
Une liste de 1 400 noms
Le premier lecteur a été Me Yvan Geismar, qui représentait le consistoire israélite et le grand rabbin du Haut-Rhin. Puis, successivement, une quinzaine de personnes ont poursuivi. La lecture lente, monocorde, lourde de sens, a déroulé des centaines de noms des Alsaciens, Haut-Rhinois issus de 65 communes, des familles locales qui sont montés dans ces trains pour ne plus jamais revenir. Une émotion intense était palpable. Cette liste beaucoup trop longue, insupportable, a égrené environ 1 400 noms...
Au total, une quarantaine de personnes ont assisté à ce moment de commémoration, pendant qu'un drapeau blanc frappé d'une colombe et un drapeau israélien flottaient dans le vent. Six bougies et six roses symbolisaient les six millions d'hommes de femmes, d'enfants juifs assassinés.
« Acte de repentance »
Parmi les visiteurs, le maire de Volgelsheim, Philippe Mas, accompagné de ses adjoints Patricia Fidon et Claude Gantzer, a insisté sur son « soutien » et son « attachement » à cette manifestation « qui a fait resurgir du passé des événements qu'il ne fallait pas occulter ».
Ainsi que l'a souligné Jurg Peter, « ce moment de commémoration constitue un acte de repentance et de demande de pardon envers le peuple juif, et un acte de réconciliation avec la communauté juive ».