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Au moment de la création de l'Etat d'Israël, près de 900 000 Juifs vivent sur les terres musulmanes d'Egypte, d'Irak, du Yémen, d'Algérie, du Maroc, de Tunisie ou de Libye. Entre 1948 et 1962, ils sont 650 000 à immigrer vers le nouvel Etat d'Israël.
En 2014, le parlement israélien a voté une loi instituant le 30 novembre comme Journée de Commémoration de l’Exode des Juifs des Pays arabes et de l’Iran.
Crif - Le 30 novembre marque chaque année la Journée de commémoration de l’exode et de l’expulsion des Juifs des pays arabes et d’Iran. De quoi s’agit-il ? La date du 30 novembre a-t-elle une signification particulière ?
Jean-Pierre Allali - À la suite du conflit israélo-arabe qui a accompagné la naissance de l’Etat d’Israël en 1948, un organisme dépendant des Nations unies, l’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees ) a été créé, avec pour mission de venir en aide à ceux qui deviendront les « réfugiés palestiniens ». Or, parallèlement à ce problème de déplacement de populations arabes, un exode des Juifs des pays arabes soumis à des conditions terribles : emprisonnements, confiscation de biens, assassinats… a eu lieu, concernant près d’un million de personnes. Et cela avait même commencé bien avant.
En Syrie, après le massacre prémonitoire d’Alep, le 2 décembre 1947, la « Moukhabarat », sinistre police secrète, a harcelé sans cesse les Juifs du pays, les forçant au départ.
De même, en Irak, un pogrome, le « Fahroud », fit, le 6 juin 1941, plus de 600 morts juifs et des milliers de blessés. La situation des Juifs empira en 1948.
En Égypte, au lendemain de la Guerre d’Indépendance, les Juifs connurent l’emprisonnement, la torture, les assassinats et l’exil forcé.
En 1949, 45 000 Juifs purent s’enfuir du Yémen, devenu invivable, grâce à l’opération aérienne « Tapis Volant »….
Or, paradoxalement, si la question des réfugiés palestiniens est omniprésente dans le débat public comme dans les médias, celle des réfugiés juifs du monde arabo-musulman est généralement passée sous silence. On a parlé de « réfugiés oubliés ». J’ai tendance à évoquer un « exode escamoté ».
En 1975, à Tel Aviv, un organisme a vu le jour, la WOJAC (World Organization for Jews from Arab Countries) avec pour mission de maintenir la mémoire de ce qu’a été le sort des Juifs des pays arabes et de l’Iran, et de demander justice pour eux. La WOJAC a cessé ses activités en 1999. C’est la JJAC (Justice for Jews from Arab Countries), créée à New York en 2002, qui a repris le flambeau. J’en suis l’un des vice-présidents. Nous avons, au fil des ans, rencontré de nombreux dirigeants à travers le monde pour leur expliquer notre position. Pendant longtemps, les autorités israéliennes, ont, pour des raisons de politique extérieure notamment, préférant laisser ce sujet dans l’ombre. Mais, finalement, nos efforts ont fini par porter. Le 24 juin 2014, la Knesset, le parlement israélien, a décidé de dédier une journée chaque année à l’exode des Juifs des pays arabes et de l’Iran. Elle a été fixée au 30 novembre. À ma connaissance cette date a été choisie en fonction des possibilités du calendrier.
Crif - Jean-Pierre Allali, vous êtes Vice-président mondial de la JJAC, Justice for Jews from Arab Countries, notamment par le biais de la commission du Crif que vous présidez : Relations avec les ONG et les syndicats. Pouvez-vous nous présenter cette organisation et ses actions ?
Lors d’un des premiers congrès de la JJAC qui s’est tenu à Paris, nous sommes convenus, par le biais de la commission que je préside, que le Crif représenterait en France la JJAC. La JJAC est actuellement coprésidée par le rabbin américain Elie Abadie et par le canadien Sylvain Abitbol. Au fil des ans ses actions ont été nombreuses et variées : rencontres avec des dirigeants et des décideurs, organisation de conférences, projection de films, expositions... Je le redis, l’une de nos plus grandes réussites est d’avoir agi, certes avec d’autres, pour que la Journée Annuelle de Commémoration soit instituée.
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