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Publié le 6 juin dans Le Parisien
« Silence = violence », « Que justice soit faite » ou encore « Black Live Matter », pouvait-on lire sur les nombreuses pancartes.
Ce samedi, plusieurs milliers de personnes se sont mobilisées sur le Champ-de-Mars, à Paris, contre les violences policières, malgré l'interdiction du rassemblement par la préfecture de police. Partout dans le monde, les manifestants ont bravé les appels des autorités à rester chez soi en raison de la crise sanitaire dans un mouvement de protestation inédit qui s'est greffé sur celui ayant embrasé les Etats-Unis après la mort de Georges Floyd, un homme noir asphyxié par un policier blanc à Minneapolis.
A Paris, l'appel a été lancé notamment par « des familles de victimes de violences policières » auquel a répondu une foule multiculturelle, très majoritairement jeune. Le rassemblement s'est déroulé dans le calme avant d'être dispersé vers 20h30.
Un peu plus tôt dans l'après-midi un millier de personnes s'étaient déjà rassemblées place de la Concorde, devant l'ambassade des Etats-Unis, rapidement entourées par un dispositif policier important.
Un nombre de participants largement inférieur cependant à celui de la grande mobilisation de mardi dernier devant le palais de justice de Paris à l'appel du Collectif Justice pour Adama, ce jeune homme de 24 ans mort après son interpellation par les gendarmes de Persan (Val-d'Oise) en 2016. L'événement avait rassemblé plus de 20 000 personnes selon la police, beaucoup plus selon les organisateurs.
Et ce samedi « Justice pour Adama » et « Pas de justice, pas de paix », étaient encore certainement les slogans de l'après-midi. Repris presque entre chaque prise de paroles des intervenants.
Parmi eux, Diané Bah, frère d'Ibrahima Bah. Ce jeune de 22 ans, est décédé le 6 octobre dernier au guidon de sa moto à Villiers-le-Bel, à proximité d'un contrôle de police. Les raisons de l'accident restent toujours à éclaircir. Une enquête pour homicide involontaire a été confiée à l'IGPN, la police des polices. Mais huit mois jour pour jour après le drame, la famille n'a toujours pas pu voir les images de vidéosurveillance du lieu du drame. « La justice n'existe pas quand des policiers sont mis en cause ! affirme Diané. Pourquoi est ce que nous, on ne montre toujours pas les vidéos ? »
Et la foule de mettre un genou à terre, geste devenu symbole de la lutte antiracisme.
«On est toujours ramené à notre couleur de peau»
« On en a marre des violences policières surtout envers les noirs, toujours victimes de préjugés. Je le vois bien dans mon quotidien, on est toujours ramené à notre couleur de peau. Alors il faut continuer à se mobiliser », lance Taice, 32 ans, venue avec son mari et ses enfants.
En effet pour nombre de manifestants, ce n'est que le début. « Les injustices au quotidien, ce n'est malheureusement pas nouveau. Il faut bien se dire que ce n'est pas qu'aux Etats-Unis. Mais j'ai l'impression que les gens se réveillent. Maintenant il y a des images alors que jusqu'ici on nous disait, vous exagérez », soulignent Eva et Stacy, venues des Yvelines.
Un peu plus loin Corentin, un Parisien de 28 ans, venus avec des amis. « C'est un sujet qui doit concerner tout le monde. Moi, homme blanc, c'est très simple, la seule fois où je me suis fait contrôler c'était quand j'étais avec des amis d'origine maghrébine », regrette-il.
À proximité, un groupe de jeunes Franciliens acquiescent. « On est d'abord là pour soutenir les familles mais les contrôles au faciès, on connaît même en rentrant du lycée. C'est du racisme en fait !, ajoutent-ils. Après, il ne faut pas généraliser, il y a quelques bons flics mais à chaque fois qu'un drame arrive on se dit aussi que ça pourrait être nous. »