Le CRIF en action
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Publié le 20 Novembre 2006

BHL sur le terrorisme : « surtout, cesser d’avoir peur »

La première convention nationale du CRIF s’est ouverte sur une leçon inaugurale de Bernard-Henri Lévy sur le terrorisme. Le philosophe a consacré de longues années d’enquête et de réflexion sur ce sujet. Il a voyagé et séjourné dans les pays qui lui servent de scène et d’arrière-scène et plus particulièrement encore après l’assassinat du journaliste juif américain Daniel Pearl.


Bernard-Henri Lévy a entrepris de démonter un certain nombre de clichés qui compromettent gravement la compréhension du phénomène du terrorisme et la lutte qui doit lui être opposée sans compromission. Parmi ces idées reçues, le terrorisme serait l’arme du pauvre contre la force de la superpuissance alors que les chefs des réseaux sont à la tête de grandes fortunes. Il serait le fait d’émigrés et non de personnes éduquées et sociabilisées dans les capitales européennes dans lesquelles ils vivent, alors que l’exemple des terroristes anglais a montré le contraire. Les bombes humaines se feraient sauter, au hasard d’un jour de révolte ou du fait de trop d’humiliation, alors que la formation d’un kamikaze demande deux à trois ans. Le lien fait trop automatiquement entre le terrorisme et l’islam ou même l’islamisme alors que la clé du phénomène n’est pas uniquement là mais bien aussi dans une dimension politique d’essence fasciste.
Le terrorisme constitue un age nouveau de la guerre, qui tournerait le dos aux théories de Clausewitz et c’est bien ce qui donne le vertige. Les cibles ne sont plus distinctes les unes des autres et l’occident qui n’avait pas pensé la guerre dans ces termes s’en trouve complètement déstabilisé. Le nihilisme accompagne la pensée et la stratégie politiques.
Le terrorisme est le fait d’une ONG du crime, il est transnational et dépasse les Etats, même s’il s’adosse à certains d’entre eux, les Etats-voyous, dont essentiellement l’Iran et le Pakistan qui est le plus dangereux.
Enfin, l’idée selon laquelle le terrorisme diminuerait si une solution était trouvée au conflit israélo-palestinien montre aussi sa limite car qui se soucie au Pakistan de qui sont et de ce que vivent les Palestiniens ? La question de la Palestine peut tout au plus servir de levier mais elle est absente de l’imaginaire et de la réalité pakistanaise, toutes entières orientées vers le Cachemire. L’obsession palestinienne ressortirait plutôt pour le philosophe du lointain écho célinien « le peuple d’Israël nous a mis dans de beaux draps ».

L’exhortation finale serait d’en finir avec la culture de l’excuse et de l’indulgence et surtout, de ne pas avoir peur.