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Ce n'est plus un secret pour personne, la Russie est passée maître dans la création et diffusion de fake news. Parmi les modes de fonctionnement, voici l'un des plus classiques : des sites internet sont mis en place, ceux-ci publient des articles publiant des fake news qui sont ensuite diffusées et partagées sur les réseaux sociaux.
Pour cela, des centaines de faux comptes sont créés sur notamment Facebook et Twitter. Ces comptes diffusent à grande échelle les articles publiés sur les sites internet. C'est ce qui s'appelle une campagne d'influence.
Les objectifs de telles campagnes ? Déstabiliser les gouvernements, faire passer des messages qui vont dans le sens du pays à l'origine de la fake news, semer le trouble dans l'opinion publique.
Nouveau venu dans les campagnes de Fake News, l'Iran fait de plus en plus parler de lui.
En août dernier notamment, Twitter a supprimé 700 comptes auteurs d'un million de tweets, provenant de faux comptes iraniens. Twitter, de plus en plus engagé dans la lutte contre les fake news, notamment en période d'élection, a mis à la disposition des chercheurs les tweets provenant de ces faux comptes (aussi appelés "trolls") – plus d'infos https://blog.twitter.com/official/en_us/topics/company/2018/enabling-further-research-of-information-operations-on-twitter.html
Les principaux sujets de prédilection de ces fake news iraniennes ? Israël bien sûr, les Etats-Unis, et de plus en plus l'Europe.
Ces sites n'hésitent pas, à coup de photos montages comme celui-ci-dessus et textes de mieux en mieux écrits (afin de mieux duper les internautes), à propager du contenu complètement faux. Du fait que ces articles sont beaucoup partagés sur les réseaux sociaux, que le complotisme a de plus en plus d'adeptes, et que certains internautes ont une perte de confiance dans les médias traditionnels, ces articles trouvent un public toujours plus nombreux.
La France n'est pas épargnée, et l'on apprend par exemple sur un site de fake news iranien que le gouvernement préparerait une arme chimique pour se débarrasser des gilets jaunes.
Ce site de fake news, disponible en quatre langues (anglais, français, espagnol et allemand) a vu tous ses comptes suspendus sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Twitter et YouTube). En revanche, il reste encore de nombreux faux comptes qui partagent ces articles.
Un rapport de l'institut Fire Eye (consultable ici : https://www.fireeye.com/content/dam/fireeye-www/current-threats/pdfs/rpt-FireEye-Iranian-IO.pdf) dénonce ces agissements et pointe du doigt les différents sites internet iraniens propageant des fake news.
Seconde technique employée par l'Iran, l'utilisation d'influenceurs, qui propagent des fake news via leurs comptes de réseaux sociaux. Ces personnalités, qui comptent des milliers de followers, peuvent ainsi avoir un impact fort sur l'opinion publique. Plus difficiles à détecter, ces techniques sont redoutablement efficaces.
Parmi les exemples récents l'on notera cet influenceur iranien, qui a attiré notre attention.
Cet influenceur comptabilise près de 6000 followers, et se définit comme "anti parapaganda" (sic), et "anti zionist" (évidemment).
Hamid Tavkoli, au début de la crise des gilets jaunes, a publié sur Facebook des photos prétendument prises lors de manifestations parisiennes. Ce post a été partagé plus de 5000 fois.
Ce post accuse la France de mettre à mal la démocratie, tout en réclamant des sanctions envers l'Iran, et en diffusant de la propagande à son encontre.
Le problème ? Ces photos sont issues d'autres manifestations partout dans le monde… mais pas à Paris pendant l'un des épisodes des gilets jaunes.
L'AFP Factuel, qui checke les informations sur les réseaux sociaux et signale les fake news a d'ailleurs fait un excellent travail sur ces photos, le fil de discussion est à lire ici : https://twitter.com/afpfactuel/status/1067070012043726848?s=12
Les campagnes d'influence iraniennes, encore un cran en dessous des russes, se sont tout de même intensifiées et professionnalisées en quelques mois. Il est important de se prémunir contre l'effet dévastateur que pourraient avoir une campagne massive de fake news, notamment en développant son esprit critique, et en apprenant à bien choisir ses sources.
Sophie Taieb