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Le temps d'une soirée, l'Hôtel Intercontinental du 9ème arrondissement de Paris s'est transformé en Salon littéraire. En effet, à l'occasion de la Saison Croisée France Israël, les Amis du Crif ont eu le plaisir de recevoir A.B Yehoshua, monument littéraire israélien et Eliette Abécassis, brillante écrivaine française.
Pour animer et modérer la rencontre, les Amis du Crif ont pu compter sur l'expertise d'Alexis Lacroix, directeur délégué de l'Express.
Après une présentation succinte de nos deux invités, Alexis Lacroix s'est lancé au coeur de leurs derniers romans. A.B. Yehoshua a d'abord évoqué la figure féminine centrale du roman La Figurante, Noga, une harpiste renommée, rappelée à ses obligations familiales par son frère. Le romancier israélien explique qu'elle est la première héroïne féminine. "Il était temps !" déclare t-il, amusé.
La discussion s'embarque ensuite sur la question du Talmud et de l'importance des textes et de leur études, question centrale dans le dernier roman d'Eliette Abécassis - Le maître du Talmud -, un thriller historique et religieux. Eliette Abécassis explique l'intérêt qu'elle porte à l'étude des textes juifs et les apports qu'une telle étude peut apporter à nos sociétés modernes. Selon elle, c'est certain, "la culture occidentale peut être enrichie par l'étude du Talmud, et inversement".
Alexis Lacroix s'aventure par la suite sur le terrain politique, terrain cher à A.B. Yehoshua qui, comme la plupart des écrivains israéliens de sa génération, a dépassé sa fonction littéraire pour s'imposer comme un penseur politique établi. Le romancier a ainsi eu le loisir d'expliquer ses positions sur l'évolution de la pensée sioniste et l'idée qu'il se fait d'un Etat binational, selon lui l'unique solution envisageable pour mettre un terme au conflit israélo-palestinien.
Si les idées de l'écrivain ne sont pas necessairement celles que le public français a l'habitude d'entendre, et que ses positions sont celles d'une minorité de la population israélienne, elles ont eu ce soir-là une tribune d'exception et ont pu se faire entendre par un public ouvert au débat. Le Crif et les Amis du Crif, qui valorisent sans relâche l'importance du dialogue des idées, a su proposer une rencontre inhabituelle et montrer que l'esprit démocratique était celui même de l'institution.
Le Président du Crif, Francis Kalifat, a vivement salué les connaissances et l'assise littéraire d'A.B. Yehoshua. Il a expliqué que même si il ne partageait pas les idées de l'écrivain, il mettait un point d'honneur à rester ouvert à la discussion.
Le public a pu, comme à son habitude, poser quelques questions à nos invités. Sur les interrogations de la salle sur la place de l'écrivain en Israël, qui transcende largement la fonction littéraire, A.B. Yehoshua a rappelé que les plus grands penseurs du sionisme, de Theodor Herzl à Vladimir Jabotinsky, étaient avant tout des écrivains et qu'il se sentait à son tour investi du rôle d'écrivain-penseur.
En conclusion de la rencontre, Francis Kalifat a rappelé que les écrivains étaient des rêveurs nécessaires et a encouragé nos écrivains à toujours faire rêver le monde.
La séance de dédicaces est ouverte #AmisDuCrif @ElietteAbk6 pic.twitter.com/Sa7psRHynY
— Les Amis du Crif (@AmisDuCrif) 12 juin 2018
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La Figurante, A.B. Yehoshua, Grasset
Le Maître du Talmud, Eliette Abécassis, Albin Michel
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