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Publié le 15 Mars 2006

Typo : Déportation : histoire de ne pas oublier

Typo c’est d’abord une équipe de lycéens bourguignons issus de Chalon, Dijon, Nevers, Auxerre, constitués en rédaction en collaboration étroite avec le Journal de Saône et Loire, le Bien Public, le Journal du Centre, l'Yonne Républicaine, quotidiens de Saône et Loire (71), de Côte d'Or (21), de la Nièvre (58) et de l'Yonne (89). Ces équipes (en liaison régulière) sont formées aux techniques d'écriture de presse et aux droits de la dite presse. Elles se réunissent de façon régulière, définissent la politique rédactionnelle du projet, suivent l'état d'avancement des travaux. Elles bénéficient de locaux propres et de matériel. Elles sont guidées par un enseignant. Elles élisent un rédacteur en chef par département (qui gère la page départementale) et un pour la Bourgogne. Elles sont constituées d'une quinzaine de personnes.


Le numéro n°7 de Typo est sorti le 26 janvier 2006. 52 pages en quadrichromie et un DVD de 68 minutes : c'est le résultat d'un travail débuté en avril 2005. Deux missions l'une à Neuengamme (avec l'ancien résistant déporté Sylvain Legal) et l'autre à Auschwitz (avec l'ancienne déportée juive Sara Montard) sont les grands axes de ce travail de mémoire... Un numéro d’une grande richesse, ponctuer de nombreuses photographies, d’une filmographie et d’une bibliographie sélective sur la déportation.
De cet ensemble, nous retenons les articles suivants.
24 mai 1944, Sara Lichtsztejn-Montard et sa mère sont arrêtées par les policiers français. De Drancy, camp français, elles sont transférées à Auschwitz-Birkenau en Pologne. Sara raconte le travail forcé, les humiliations, la recherche incessante de la nourriture, et surtout la peur d'être tuée par les nazis ou de succomber aux maladies. Effroyables souvenirs du quotidien de l'enfer, avant la marche de la mort.
Le 15 avril 1945, Sara Lichtsztejn-Montard et sa mère sont libérées du camp de Bergen Belsen. 326 jours après avoir été arrêtées. Une éternité. Lorsque Sara arrive en France, elle pèse une quarantaine de kilos. Elle a eu le typhus « comme cadeau d'anniversaire », elle a été humiliée quotidiennement, elle a eu faim. Elle débarque avec sa mère dans une France libre mais écorchée vive et peu encline à reconnaître ces prisonniers si spéciaux. La réadaptation à la vie se fait difficilement. Sara va mettre près de quarante ans à rompre un silence encombrant. Aujourd'hui, à 77 ans, elle témoigne dans les écoles pour transmettre la mémoire de la Shoah, lutter contre l'oubli, dépasser les préjugés imbéciles. Avant d’accompagner la rédaction à Auschwitz, elle a accepté de parler de ses parents, sa famille, sa vie avant la déportation. Une enfance heureuse, insouciante mais une enfance marquée par l'antisémitisme, la xénophobie simpliste et l'exclusion mortifiante. Une vie.
Déporté à Auschwitz avec sa famille, en mars 1944, il est revenu des camps, avec seulement une de ses deux sœurs. André Kahn éprouve des difficultés à raconter son expérience à ses proches. Préférant témoigner devant des gens qu’il ne connaît pas et dont il sait ne pas pouvoir les blesser. Il y a peu, il a ouvert une brèche dans son mutisme en acceptant d’accompagner ses enfants et petits-enfants à Auschwitz-Birkenau. C’était au mois d’août dernier. C’est à cette occasion que la rédaction de Typo l’a rencontré.
Lorsque le quidam lambda, fraîchement débarqué de l'aéroport Jean-Paul II de Cracovie veut visiter le camp d'Auschwitz Birkenau, deux solutions se présentent à lui. La première est de déambuler seul, le long des baraquements, de pouffer nerveusement devant un alignement austère de latrines, de se faire photographier devant un mirador ou de se recueillir humble et silencieux. La seconde solution s'appelle Térésa Wrona. Guide francophone au musée, elle assure les visites d'étude depuis maintenant 9 ans. Typo recueille son témoignage.
Un numéro qui témoigne du sérieux du projet et des capacités rédactionnelles de ces jeunes étudiants et lycéens.
Marc Knobel
Typo, janvier 2006, n°7, typo@e-typo.org.