L'Unesco nie l'historicité juive de Jérusalem. L'avocat Gilles-William Goldnadel ne sait pas s'il faut en rire ou en pleurer.
Par Gilles William Goldnadel, publié dans le Point le 17 ocotbre 2016
Après le nouveau vote d'une commission du Conseil exécutif de l'Unesco niant tout lien entre Jérusalem et le peuple juif, on ne sait pas très bien s'il vaut mieux en rire ou en pleurer. Il est nécessaire, avant que de choisir la moins mauvaise branche de l'alternative, de rappeler les faits, qui sont, après tout, peu connus du public français.
Au mois de mai dernier, l'Unesco avait déjà adopté un texte controversé dans lequel l'historicité juive des lieux saints du judaïsme en Judée était purement et simplement niée. Le linguiste avait déjà le droit d'être déboussolé. C'est ainsi que le mur des Lamentations, dont tous les archéologues admettent qu'il fait partie du grand temple édifié par Hérode 100 ans avant J.-C., était rebaptisé Al Burak, appellation arabo-islamique, alors même que l'islam est apparu 600 ans après la naissance du Messie des chrétiens... Pour faire bonne mesure, le texte adopté prétendait même que les Juifs perfides avaient fabriqué de toutes pièces un cimetière imaginaire pour empêcher les revendications des musulmans…
La France, fille aînée bien ingrate de l'Église, avait cru devoir apporter sa voix à l'étrange motion. À la suite du tollé intervenu, l'Unesco décida de revoir sa copie en octobre et le président Hollande, gêné et alléguant une faute d'inattention regrettable, promit de réviser la position française.
Las, le 13 octobre, la commission, sur l'initiative des États islamiques et des Palestiniens, a repris l'essentiel du texte précité, se contentant d'en gommer quelques aspérités et renonçant à ses allégations sur le faux cimetière imaginaire. Certains pays qui avaient apporté leur voix à la première résolution se sont réfugiés dans une plus confortable abstention. C'est le cas de la France. D'autres ont décidé de faire front contre le révisionnisme historique : c'est le cas notamment des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne.
Après la nouvelle adoption du texte, nouveau tollé en Israël – qui décidait cette fois de suspendre toute relation avec l'organisme culturel de l'ONU – et dans la diaspora juive. Le président du Conseil exécutif de l'Unesco, Michael Worbs, déclarait que « ce qui est arrivé hier est tout à fait exceptionnel, et je suis désolé pour cela ». Quant à la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, celle-ci prenait ses distances avec la résolution : « Le patrimoine de Jérusalem est indivisible, et chacune de ses communautés a droit à la reconnaissance explicite de son histoire et de son lien avec la ville. Nier, occulter ou vouloir effacer l'une ou l'autre des traditions juive, chrétienne ou musulmane revient à mettre en péril l'intégrité du site », assurait-elle dans un communiqué embarrassé.
Voilà pour les consternantes circonstances factuelles de cette nouvelle palinodie onusienne. Alors, donc, le rire ou les larmes ?
Dans cette triste occurrence, Israël a cru devoir prendre l'option première et son Premier ministre, après avoir indiqué que « dire que le peuple juif n'a pas de lien avec le mont du Temple et le mur occidental, c'est comme dire que les Chinois n'ont pas de lien avec la muraille de Chine… » a choisi délibérément l'ironie mordante en tweetant : « Quoi de neuf ? Une décision de l'Unesco niant le lien entre le beurre de cacahouète et la confiture ? Entre Batman et Robin ? Entre rock et roll ? »...
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