Le politologue réagit à l'attentat terroriste de Saint-Etienne-du-Rouvray.
Le politologue Antoine Sfeir, spécialiste du Moyen-Orient et du monde musulman, réagit pour Notre Temps à la prise d’otage et à l’assassinat du Père Jacques Hamel, à l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, le 26 juillet 2016.
Notre Temps : Les chrétiens sont-ils des cibles prioritaires pour Daech?
Antoine Sfeir : Oui et ce n’est pas nouveau, les chrétiens sont depuis plusieurs années une cible pour les islamistes et les salafistes. Regardez ce qu’il se passe au Pakistan; souvenez-vous de ce qu’il s’est passé en Inde, en Irak, en Syrie, au Liban et surtout en Égypte contre les coptes. La nouveauté est que cela survienne en France. Aujourd’hui, les églises, les gens d’églises et les croyants, chez nous, sont devenus des cibles. C’est sans précédent. La cible elle-même, le curé, a été choisie parce qu’elle représentait un symbole. C’est grave. Ce qui est étonnant, c’est qu’il n’y ait pas encore eu (l’interview a été réalisée le 26 juillet 2016 à 16h00) de fatwa de dignitaires musulmans condamnant les auteurs du meurtre et qui les mettent au ban de l’islam.
La société française est-elle capable de résister à l’engrenage de violence dans laquelle les terroristes veulent l’entraîner ?
Oui, bien entendu. Et d’abord, arrêtons de rejeter les défaillances de sécurité sur les uns ou des autres. C’est indécent… La société française a connu pire: du temps des anarchistes à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, par exemple. Ou encore pendant la guerre d’Algérie. Nous sommes capables de résister individuellement et collectivement. Mais il faut savoir que la menace est réelle. Cela suppose que nous changions nos habitudes; que nous devenions plus vigilants, plus citoyens, plus responsables de la cité et plus solidaires aussi. Plus vigilants vis-à-vis de tout ce qui peut nous paraître suspect, sans tomber dans la délation. Et c’est là, la difficulté...
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