Jean-Pierre Allali
Au fil des ans, il est apparu que la restauration du monument et sa mise en valeur devenaient de plus en plus nécessaires.
En 1976, lors de travaux de réfection de la cour d'entrée du Palais de Justice de Rouen, un édifice est découvert fortuitement en sous-sol. Il apparaît très rapidement qu'il s'agit d'un monument à caractère juif. Notamment parce que des graffitis, en lettres hébraïques, sont relevés sur les murs. Sur l'un d'eux, on peut lire ces mots : « Que cette maison soit sublime à jamais ». Si la datation du lieu ne pose pas de problème, on est en présence d'un édifice datant du Moyen Âge, les spécialistes hésitent pendant quelque temps, sur son caractère : s'agit-il d'une synagogue, d'une habitation privée ou d'un école talmudique ? C'est cette dernière option qui est finalement retenue. C'est ainsi qu'est mise en évidence la « Maison Sublime de Rouen » , une yéchiva médiévale, seule école rabbinique de cette époque au monde dont on ait conservé les vestiges.
la présence d'un tel bâtiment n'est pas étonnante pour les spécialistes comme le chercheur américain Norman Golb, qui rappelle alors qu'au XIIème siècle, Rouen comptait entre 5 et 6 000 Juifs, soit 15 à 20% de sa population. Une synagogue monumentale dominait d'ailleurs le quartier avec ses treize mètres de hauteur et sa tour centrale. Et ce n'était pas un cas isolé. Norman Golb a dénombré 85 sites attestant d'une présence juive en Normandie à l'époque, comme la yéchiva de Touques, à l'entrée de Deauville. De même, les « Rue aux Juifs » sont monnaie courante dans la région et de nombreux hameaux normands portent le nom de « Les Juifs » ou « La Juiverie ».
Peu après cette importante découverte, une association est créée, « La Maison Sublime de Rouen », qui se dote d'un conseil d'administration. Son président actuel est l'historien Jean-Robert Ragache. Grâce à l'association, des visites hebdomadaires sont mises sur pied et le public, conduit par un guide, peut ainsi découvrir la Maison Sublime.
Au fil des ans, il est apparu que la restauration du monument et sa mise en valeur devenaient de plus en plus nécessaires. Des drainages, des isolations, la création d'un sas, sont, entre autre, envisagés. Par ailleurs, une muséographie et un ascenseur à destination des personnes handicapées sont prévus. Un projet a été élaboré par l'architecte Régis Martin dans le cadre d'une collaboration avec le Palais de Justice, la DRAC et les collectivité locales. Un budget a été élaboré.
En complément des financements déjà acquis auprès des collectivités, une souscription a été lancée le 14 juin 2016. Le montant des dons dépasse à présent les 30 000 euros, ce qui est très encourageant. La mobilisation doit continuer. Un clic suffit pour faire un don en se connectant à l'adresse :
www.fondation-patrimoine.org/maison-sublime
Jean-Pierre Allali
Membre du Conseil d'Administration de « La Maison Sublime de Rouen ».
Auteur du roman « Les vengeurs de la Maison Sublime ». Éditions Glyphe, 2011.