Les Républicains condamnent vivement la décision du gouvernement français d'avoir voté, lors du Conseil exécutif de l'Unesco du 14 avril dernier, en faveur d'une décision "Palestine occupée", à l'initiative de plusieurs pays arabes (Algérie, Egypte, Liban, Oman, Qatar et Soudan), qui visait notamment à "sauvegarder le patrimoine culturel palestinien et le caractère distinctif de Jérusalem-Est".
Si cette position est pour le moins incompréhensible, il est surtout regrettable que la France ait voulu apporter sa voix, dans des conditions parfaitement biaisées alors même que ses partenaires occidentaux se sont prononcés contre ce texte (Allemagne, Pays-Bas, Royaume-Uni, Etats-Unis etc.) ou se sont au minimum abstenus.
Plus grave encore, fait sans précédent dans l'histoire de la Vème République et preuve de la déliquescence de l'appareil étatique français : un vote public de la France, dans une instance internationale majeure du système des Nations unies, est par la suite publiquement désavoué par les plus hautes autorités de l'Etat dans les jours qui ont suivi.
Manuel Valls y voit "des formulations malheureuses et maladroites" qui auraient dû être "évitées" ; le Président de la République regrette le vote : on se demande qui gouverne le navire France... Le Général de Gaulle, père du domaine réservé de la Vème République doit se retourner dans sa tombe.
En tout état de cause, cette décision ne fait que marginaliser un peu plus la voix de la France dans la région et condamne de facto la soi-disant relance française du processus de paix, initiative diplomatique mort née qu'avait lancée Laurent Fabius avant son départ du Quai d'Orsay en début d'année, et qui doit se traduire par la tenue en fin de mois à Paris d'une conférence internationale destinée à faciliter le règlement de la question israélo-palestinienne.
Son successeur, l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, a désormais perdu toute crédibilité, lui qui avait cependant voulu se situer dans la droite ligne de son prédécesseur en votant à l'Assemblée nationale la résolution portant sur la reconnaissance unilatérale de l'État de Palestine (2 décembre 2014), résolution complètement contreproductive qui n'avait fait que braquer la position israélienne et à laquelle les Républicains s'étaient vivement opposés à l'époque.
Dans les conditions d'une telle pétaudière, le déplacement du Ministre des Affaires étrangères au Proche-Orient en fin de semaine est condamné à l'échec.
Pierre LELLOUCHE
Délégué général aux Affaires Internationales
Député de Paris