... Il s'en explique: "je vais aller écouter des arbres ou des cœurs. Lire. Restaurer en moi la confiance et la quiétude. Explorer. Non pas abdiquer mais aller plus loin que le jeu de vagues et des médias", écrit-il avec un brin de tristesse et de faux détachement.
Il dit aussi renoncer au débat public. Renoncer? Mais, comment pourrait-il renoncer de participer au débat, alors que ces chroniques régulières dans le quotidien d'Oran et dans Le Point, sont autant de liberté? Et, d'ailleurs pourquoi le ferait-il? Peut-être parce qu'il s'est posé une seule question? Serait-ce la question de trop? Comment expliquer les agressions sexuelles de masse survenues dans la nuit du 31 décembre 2015 à Cologne?
C'est justement en essayant de répondre précisément à cette question que le lauréat du Prix Goncourt du premier roman pour Meursault, contre-enquête (Actes Sud, 2014), a déclenché une si vive polémique et les foudres et la plume acide de quelques intellectuels. Ces derniers ont lancé la charge et ont subitement pétitionné contre lui, l'accusant tout à la fois d'être "islamophobe", de multiplier les "clichés orientalistes." On lui reproche aussi son "essentialisme". Rien de moins.
Mais alors quoi?
Ainsi donc, n'est-il pas ridicule qu'un écrivain algérien (et musulman) puisse être considéré par une sorte de bien pensance, d'islamophobe... parce qu'il dénoncerait également ou principalement... la misère sexuelle qui règne dans certains pays arabo-musulmans? Islamophobe, parce qu'il énoncerait que les femmes sont toujours perçues par les islamistes comme des corps déshumanisés et/ou des visages que l'on doit soustraire à la vue et cacher totalement du monde intérieur et extérieur? Islamophobe, parce que les islamistes rêvent d'asservir les femmes, de les réduire à néant et de n'être plus que de vagues choses, de simples objets personnels, recouvertes des pieds à la tête de la burqa et/ou que l'on pourrait réduire en esclavage, soit violer, battre et asservir?
"Le rapport à la femme est le nœud gordien, le second dans le monde d'Allah. La femme est niée, refusée, tuée, voilée, enfermée ou possédée. Cela dénote un rapport trouble à l'imaginaire, au désir de vivre, à la création et à la liberté. La femme est le reflet de la vie que l'on ne veut pas admettre. Elle est l'incarnation du désir nécessaire et est donc coupable d'un crime affreux: la vie", écrit avec justesse et talent, Kamel Daoud (Le Monde, 31 janvier 2016).
Qui pourrait raisonnablement en douter? Alors, de peur d'être taxé (stupidement) d'islamophobe (alors qu'en République, la critique de toute religion est libre et qu'elle ne saurait être assimilée à du racisme et à de la xénophobie) et de subir un très haut procès en sorcellerie, faut-il se censurer forcément, se couper la langue, se scotcher et ne pas vouloir dénoncer cette soumission des femmes aux hommes? Au contraire, ne devrait-on pas espérer que partout où les femmes sont asservies -y compris dans la sphère arabo-musulmanes- elles devraient pouvoir se libérer?
Qu'il faudrait pleinement les y aider et se battre pour leur juste émancipation? Plutôt que de taire ou de cacher le fait qu'elles souffrent, qu'elles sont humiliées par des islamistes fous, qu'elles sont bafouées et dégradées humainement? Et, ne devons-nous pas admettre une fois pour toute que l'émancipation de toutes les femmes est et participera enfin et à juste titre de toute l'émancipation de l'humanité et de l'humaine condition?...
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