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Publié le 26 Janvier 2016

Itzhak Rabin : un homme d'Etat exceptionnel

Discours de Roger Cukierman lors de la cérémonie à la mémoire d'Itzhak Rabin, le 25 janvier à la Mairie de Paris
 
(en illustration, Itzhak Herzog lors de la cérémonie)
 
Le Président su Crif a participé lundi 25 janvier 2016, à un hommage rendu par la Mairie de Paris à Itzhak Rabin, Premier ministre israélien, assassiné il y a vingt ans. Prix Nobel de la Paix après avoir conclu les accords d’Oslo en 1993, premiers jalons d’une résolution du conflit israélo-palestinien, Itzhak Rabin, Premier ministre israélien en 1974 puis en 1992, a été assassiné le 4 novembre 1995 par un étudiant juif d’extrême droite lors d’une manifestation pour la paix à Tel Aviv.
 
Anne Hidalgo lui a rendu hommage et a rappelé son action essentielle pour la paix au Proche-Orient, en particulier entre Israéliens et Palestiniens, lors d’une soirée animée par Claire Chazal, en présence du Premier ministre Manuel Valls ; d’Aliza Bin Noun, Ambassadeur d’Israël en France ; d’Itzhak Herzog, Leader du parti travailliste israélien ; de Nissim Zvili, ancien Ambassadeur et collaborateur d’Itzhak ; de Patrick Klugman, Adjoint à la maire de Paris, Chargé des Relations Internationales et de la Francophonie Conseiller de Paris ; de Gil Taïeb, vice-président du Crif ; de Daniel Shek, ancien Ambassadeur ; et du philosophe Bernard-Henri Lévy. Au cours de la soirée, un documenaire sur Itzhak Rabin réalisé par Philippe Bensoussan a été projeté. Elle s'est clotûrée un temps musical par la chanteuse israélienne Noa. Roger Cukierman était accompagnée par Francis Kalifat et Yonathan Arfi, vice-Présidents du Crif ; et Véronique Harari, Directrice des Amis du Crif.
 
M. le Premier Ministre
Madame la Maire de Paris,
M. Itzhak Herzog, chef de l’opposition israélienne et descendant d’une magnifique épopée familiale,
Mme l’ Ambassadrice d’Israël, etc.
 
Il y a beaucoup d’hommes politiques, mais les  hommes d’Etat sont extrêmement rares. C’est vrai pour la France, pour Israël et pour la plupart des pays du monde.
 
Itzhak Rabin a fait partie de ce lot si exceptionnel. Avant d’entrer en politique, il avait surtout été un soldat. En tant que soldat, que chef d’état-major il avait conduit l’armée d’Israël vers de brillantes victoires. Ensuite ayant quitté Tsahal et devenu Premier ministre, il a su tiré profit de l’initiative norvégienne de son ami et rival politique de toujours Shimon Peres pour faire vraiment avancer les négociations et aboutir à un accord avec Yasser Arafat.
 
Il avait su se faire respecter et gagner la confiance à la fois des Israéliens et des Palestiniens. C’est ce qui lui a permis d’aboutir. Il disait  «  il faut lutter contre le terrorisme comme s’il n’y avait  pas de négociation, et il faut négocier comme s’il n’y avait  pas de terrorisme». Il était à la fois un visionnaire et un pragmatique. Il a ainsi réussi là où tous ses prédécesseurs avaient échoué.
 
Las ! Un odieux assassinat commis de surcroît par un Juif a mis fin aux espoirs de paix si difficilement négociés et presque miraculeusement acquis.
 
A l’euphorie a succédé le cauchemar et cette merveilleuse occasion de voir la paix s’établir dans la région s’est évanouie.
 
J’ai le souvenir de la conférence économique de Casablanca qui avait suivi de près la conclusion de l’accord de Camp David. On croyait rêver. J’y assistais en tant que banquier représentant le groupe Edmond de Rothschild. Les plus grands dirigeants politiques du monde étaient présents.
 
La délégation israélienne conduite par Rabin et Peres comprenait 500 Israéliens, principalement des politiciens et des hommes d’affaires. Le monde arabe était représenté par des milliers de délégués et en tête tous les monarques,  émirs et raïs à commencer par les rois d'Arabie saoudite, de Jordanie, du Maroc et le président Moubarak. Seuls manquaient à l’appel Saddam Hussein et Hafez El Hassad, le père de Bachar. 
 
Shimon Peres a alors notamment  proposé aux dirigeants arabes de créer avec Israël une banque de développement pour l’ensemble du Moyen-Orient. Les Israéliens négociaient avec leurs homologues arabes la mise au point de projets de collaboration dans tous les domaines.
 
L’assassinat de Rabin a sonné le glas des espoirs de paix. Mais cette conférence a été pour moi la démonstration que la paix était et reste possible.
 
Et je suis persuadé qu’elle finira par arriver, car elle est voulue, souhaitée, espérée par les deux peuples et par l’ensemble du monde.
 
Oui on a raison de célébrer la mémoire de Rabin. Il est pour chacun de nous un modèle, un héros, et il nous manque cruellement.
 
J’ai un petit regret, celui de ne pas voir ici ce soir plus de représentants de la droite israélienne comme de la droite française.
 
Rabin agissait en tant que Premier ministre d’Israël et non en tant que dirigeant d’un parti politique. Je ne veux pas croire, je ne peux pas croire  que les autres tendances politiques ne reconnaissent pas en Rabin un homme de consensus ou qu’ils auraient refusé de lui rendre l’hommage qui lui est dû.
 
Pour éviter tout malentendu je tiens à rappeler que le Crif a été, est et restera un chaud partisan de la solution de deux états pour deux peuples. Seule solution digne des valeurs du peuple juif.
 
Itzhak Rabin, Premier ministre d’Israël, était un homme d’Etat pragmatique et s’il a pu promouvoir et faire avancer le processus de paix c’est parce qu’il n’était ni de droite ni de gauche, il était essentiellement un homme dédié à la paix entre les hommes.