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Publié le 25 Janvier 2016

Nicole Yardeni : «J'ai choisi le Crif après la chute du Mur»

Rencontre avec l'ex-présidente du Crif Toulouse-Midi-Pyrénées

Publié dans la Dépêche le 24 janvier 2016 
 
Huit ans après avoir pris la tête du Conseil représentatif des organisations juives de France (Crif/Midi-Pyrénées), Nicole Yardeni a rendu son tablier le 29 novembre 2015. Ses actions, sa voix qui a parfois les intonations de celle de Catherine Deneuve, son personnage qui inspire la droiture et la compassion de l'autre ont fait de Nicole Yardeni une icône médiatique incontournable. En mars 2012, après les assassinats perpétrés par Mohamed Merah, les médias se sont arraché son analyse, ses conseils, sa vision éclairée d'un antisémitisme rampant.
 
Cette Toulousaine âgée de 57 ans, chirurgienne-dentiste, porte ses origines juives polonaises comme un étendard. En politique, elle sait crever l'abcès, appuyer là où ça fait mal. Et puis, elle relit avec une certaine tristesse certains de ces discours prémonitoires.
 
Comme celui prononcé lors du dîner du Crif à Toulouse, trois jours avant que Merah assassine de sang-froid trois enfants juifs et un enseignant, père de deux d'entre eux, le 19 mars 2012 à l'école Ozar Hatorah (rebaptisée Orh-Torah). Nicole Yardeni s'adresse à Jean-Pierre Bel, alors président socialiste du Sénat : «Il y a un peu plus d'un an, nous avons tous fait un rêve : celui d'une mer Méditerranée bordée de pays tous démocratiques. Nous avons assisté à la chute de plusieurs autocraties en Tunisie, en Égypte, en Libye, au Yémen, du sang a coulé (…) Un nouveau printemps arrive et en Syrie se joue un nouvel acte d'une violence rare, un acte furieux, effrayant (…) C'est sur le chemin de Damas (la capitale syrienne, N.D.L.R.) que se fabrique le Moyen-Orient des cinquante prochaines années (…)». Nicole Yardeni s'en souvient très bien, «lorsque j'ai évoqué la Syrie, les gens me regardaient bizarrement…», avoue-t-elle.
 
Lors de son discours devant M. Bel, elle évoque son attachement aux principes de laïcité. «Les juifs sont républicains, car la laïcité a permis notre épanouissement. La loi de 1905 a organisé la vie sociale dans notre pays afin qu'aucune religion n'influe sur l'État. Nous y sommes attachés. Elle permet de concilier la diversité des croyances avec l'égalité des droits (…)».
 
En mai 2014, après les attentats au musée juif de Bruxelles, la présidente du Crif fait de nouveau part de ses craintes. Elle déclare à la presse : «La sensation que j'aie, c'est qu'il ne va plus y avoir que ce type de cibles visées (…) Depuis Bruxelles, je suis encore plus inquiète que je ne l'étais après Toulouse et Montauban». À chaque fois qu'elle intervient au nom du Crif, elle l'avoue : «C'est cette idée que je dois parler pour eux, être la voix de ce peuple juif que je représente ici»... Lire l'intégralité.