Actualités
|
Publié le 8 Décembre 2015

« Jésus et l’islam » sur Arte, pour un nouveau regard des chrétiens sur le Coran

 
ENTRETIEN Pour le P. Emmanuel Pisani, directeur de l’Institut de science et de théologie des religions de Paris et professeur d’islamologie, la série de Mordillat et Prieur met en évidence le lien entre l’émergence de l’islam et les disputes entre chrétiens au VIIe siècle.
 
Publié dans la Croix le 8 Décembre
 
P. Emmanuel Pisani : Le discours est construit à partir d’interviews d’orientalistes, tous reconnus. Une voix off tisse les liens entre les auteurs et problématise, mais on ne voit pas les savants débattre entre eux et argumenter. On perçoit différentes hypothèses, mais faute de formalisation explicite, l’articulation des propos est parfois difficile, surtout pour ceux qui ne sont pas familiers de la recherche contemporaine sur l’islam.
Un exemple : la série pose la question de savoir si le Coran est issu du milieu judéo-chrétien. En arrière-fond se trouve la question des influences qu’aurait connues Mohammed dans l’élaboration du texte coranique. Souligner ces influences ne revient-il pas à nier le spécifique du texte coranique ? La problématique transparaît dans des prises de position divergentes.
 
Les chercheurs musulmans se différencient-ils, dans leur discours, des chercheurs non musulmans ?
E. P. : Il est remarquable de constater que le traitement de la question judéo-chrétienne ne dépend pas du tout de la foi des chercheurs. Les hypothèses se confrontent au-delà d’une position croyante.
 
Est-il pertinent d’aborder le Coran et l’islam par le biais de Jésus ?
E. P. : Je le crois, pour plusieurs raisons. D’une part, Jésus, comme prophète, y occupe une place à part : il est le seul prophète qui a été conçu sans père mais directement du souffle de Dieu. D’autre part, le Coran est constamment traversé par la question de Jésus.
Mais cette question est un départ, peut-être aussi un prétexte pour présenter les recherches et avancées de la recherche scientifique sur les fondations de l’islam. Ainsi, on montre que les particularités linguistiques du Coran et l’usage de mots syriaques ou araméens cadrent mal avec l’idée que le Coran a été révélé dans un arabe clair.

http://www.la-croix.com/Culture/Television/Jesus-et-l-islam-sur-Arte-pou...