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Publié le 30 Novembre 2015

Cardinal Jean-Louis Tauran : « L’avenir n’est pas de s’entre-tuer mais de voir ce que l’on peut faire ensemble »

Le Président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux explique le sens à donner à Nostra aetate dans un contexte de fortes tensions entre les religions.

Propos recueillis par Anne-Bénédicte Hoffner, entretien publié dans la Croix le 28 octobre 2015
 
La Croix : Nous célébrons aujourd’hui le 50e anniversaire de la déclaration du concile Vatican II sur les relations de l’Église avec « les religions non chrétiennes ». Comment entendre aujourd’hui cet appel à la fraternité universelle dans un monde déchiré ?
 
Cardinal Jean-Louis Tauran : Cet anniversaire est l’occasion de nous souvenir de la grande nouveauté deNostra aetate : pour la première fois, le Magistère reconnaît les parcelles de vérité existant dans les autres religions. Par cette déclaration, l’Église affirme que tous les hommes, toutes les femmes ont un rapport avec la transcendance. Et que, avec d’autres religions, nous adorons le même Dieu, même si nous avons différentes manières de le rejoindre. Or si, ensemble, nous croyons que nous sommes des créatures, comme dans une famille, nous ne pouvons pas nous contenter de nous tolérer : nous devons passer de la tolérance à l’amour. C’est en cela que les religions sont porteuses de fraternité.
 
Comment, pour un catholique, articuler sa foi dans le Christ qui est« le chemin, la vérité et la vie » et la reconnaissance de ces parcelles de vérité ?
 
Nous, catholiques, avons la vérité, mais nous avons besoin chaque jour de nous y conformer. Le dialogue interreligieux est un compagnonnage : nous sommes tous des pèlerins en marche vers la vérité. Il faut toujours se souvenir que le dialogue interreligieux est un dialogue entre croyants et non entre religions. Nous avons à nous laisser séduire par cette vérité, chaque jour la tâche recommence…
 
À regarder le monde, on a plutôt l’impression que les religions sont porteuses de guerre…
 
Certains peuvent avoir ce sentiment en raison d’une minorité de musulmans dévoyés qui trahissent leur religion. Mais les guerres en cours ne sont pas des guerres de religion, toutefois la religion fait partie de la solution.
 
Que répondez-vous à ceux qui affirment que les pères conciliaires étaient naïfs, qu’ils ont écrit Nostra aetate à une époque où le djihadisme n’existait pas ?
 
Ce n’est pas si simple ! Ces tueries injustifiables nous amènent à approfondir notre propre foi pour être à même de parler avec les autres avec des arguments et non avec nos poings. De toute façon, nous sommes en quelque sorte condamnés au dialogue. Il n’y a pas de troisième voie : ou nous dialoguons ou c’est la guerre... Lire l'intégralité.