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Publié le 18 Septembre 2015

Terrorisme : ces indispensables cellules de soutien psychologique

Créées en France à la suite de l'attentat perpétré dans la station RER de Saint-Michel en 1995, elles sont composées de psychiatres et psychologues spécialement formés.

Par Anne Jeanblanc, publié dans le Point le 10 janvier 2015
Le traumatisme est national, mais il est évidemment bien pire pour toutes les personnes qui ont croisé la route des frères Kouachi ou d'Amedy Coulibaly, ainsi que leurs proches. Le bouleversant témoignage du docteur Patrick Pelloux, jeudi, montre que même les médecins urgentistes, confrontés aux pires accidents, peuvent être extrêmement traumatisés à la suite d'un événement aussi épouvantable. On imagine donc le désarroi des autres... C'est d'ailleurs la raison de la cellule psychologique qui a été mise en place à l'Hôtel-Dieu de Paris, peu après le drame qui a touché Charlie Hebdo. 
Comme l'expliquait un document mis en ligne par le site du ministère de la Santé fin juillet dernier, "l'intervention rapide de médecins psychiatres, de psychologues et d'infirmiers préalablement formés et intégrés aux unités d'aide médicale urgente doit garantir une prise en charge immédiate et post-immédiate satisfaisante des victimes et permettre d'éviter l'installation des troubles de stress post-traumatique". Pour mémoire, la "cellule d'urgence médico-psychologique (CUMP) pour les victimes d'attentats, de catastrophes et d'accidents collectifs" a été créée au lendemain de l'attentat terroriste à l'explosif perpétré le 25 juillet 1995 à la station de métro Saint-Michel à Paris. Le président de la République de l'époque, Jacques Chirac, avait alors demandé au secrétaire d'État chargé de l'Action humanitaire d'urgence Xavier Emmanuelli de constituer un organisme approprié à la prise en charge des "blessés psychiques". 
Le dispositif a été consolidé par un décret publié en janvier 2013, destiné notamment à "mieux positionner l'urgence médico-psychologique dans l'offre de soins sous la responsabilité de l'ARS (Agence régionale de santé)". Chaque département dispose désormais de sa propre structure, qui est rattachée au Samu et localisée dans un hôpital. Dirigée par un psychiatre référent nommé par le préfet, d'un psychologue et/ou d'un infirmier et d'un secrétaire, tous à mi-temps et bénévoles, elle peut faire appel, en fonction des besoins, à un certain nombre de volontaires correctement formés. 
Débriefing
Depuis, ce type de cellule a - malheureusement - servi à maintes reprises. Comme l'écrivaient il y a quelques années des spécialistes dans le Journal international de victimologie, elle est destinée à "prodiguer des soins médico-psychologiques d'urgence à tous les blessés psychiques qui en ont besoin : administration de médications psychotropes [pour réduire les symptômes aigus d'anxiété, de prostration ou d'agitation], [...] et entretiens psycho-thérapeutiques d'urgence, centrés sur la verbalisation inaugurale de l'émotion pour réduire les effets néfastes du stress traumatique et permettre prudemment l'inscription de l'événement dans la vie du sujet". 
Cette "psychothérapie d'urgence" consiste donc à effectuer une séance de "déchoquage immédiat", une sorte de debriefing sommaire. Les membres de la cellule doivent également repérer les personnes les plus sévèrement atteintes pour les évacuer vers les hôpitaux. L'article précise enfin que l'équipe psychiatrique remet au patient et à ses proches "une note d'information expliquant la nature [psychique et psycho-traumatique] et la normalité des symptômes de stress immédiat. Ce document leur conseille de se rendre dans un centre spécialisé en psycho-traumatologie si leurs symptômes perdurent ou si d'autres se manifestent.